• Extraits de livres lus( La crise de la quarantaine)

     

    Extrait de « La crise de la quarantaine »

    De Jacques Gauthier

     

    Résumé : La quarantaine : le " bel âge " dit-on souvent... Ce n'est pas si sûr !...Cette étape de la vie - incontournable pour les hommes comme pour les femmes -est marquée par une crise psychologique et spirituelle : connaissance de nos forces, mais aussi reconnaissance de nos limites, expérience de notre " finitude ", remises en question profondes, crise du désir, insatisfaction, démon de midi... Notre manière d'aborder ces années de doutes - voire de tempête -, peut nous conduire à une nouvelle naissance. Cela suppose toutefois d'accepter de ne pas fuir cette crise, de revoir ses priorités, de passer de la " surface " à la " profondeur ", de découvrir le désir qui fait vivre. Alors, les sables mouvants deviennent un tremplin vers une terre ferme retrouvée plus belle, plus épanouissante ! Celui qui en sort victorieux pourra dire : " Bienheureuse crise qui nous permet de nous ressaisir et fait de nous des hommes et des femmes plus mûrs, plus humbles aussi... ! C'est vers ce cap que veut nous conduire l'auteur : la crise devient une occasion de croissance, un lieu de rencontre avec soi-même, les autres et Dieu.

    « La vie humaine est jalonnée de périodes : enfance, adolescence, âge adulte, vieillesse. L'âge adulte, entre autres, est fait de saisons, de stades qui surviennent surtout autour des décennies (trentaine, quarantaine, cinquantaine, soixantaine). À chacun de ces passages correspond souvent une crise à traverser, dont celle de la quarantaine, vécue différemment selon les contextes socioculturels. Je m'en tiendrai ici aux pays occidentaux d'Europe de l'Ouest et d'Amérique du Nord. »

    « Les gens sont plus ou moins conscients de la crise qui survient au milieu de leur vie. Quelques-uns la traversent sans s'en rendre compte, d'autres veulent l'ignorer. Peu de gens y échappent, surtout dans nos sociétés modernes axées sur l'avoir, la réussite et la performance, ou les trois E, selon l'expression d'un vieux moine cistercien de l'abbaye de Bricquebec : encombrement, éparpillement, énervement »

    « La quarantaine signifie donc cette étape de la vie qui peut durer une dizaine d’années. L’homme et la femme quittent progressivement les promesses de la jeunesse pour aborder les rives de l’autre versant. L’enfance paraît plus lointaine et la mort plus proche. »

    « Les symptômes ne trompent pas : solitude, doute, manque de confiance, périodes de dépression, absence de plaisir à accomplir ce que l'on faisait normalement, indifférence devant la vie, ambivalence, besoin d'aventure et de changement, difficulté à savoir ce que l'on veut, ennui, conscience de la mort, grand besoin d'intériorité, nuit de la foi. Ces indices de la crise atteignent tous les niveaux de l'être : physique, psychique, social, professionnel, spirituel. Ils sont des signaux qui indiquent que des choses sont en train de changer. Pour certains, le passage est graduel ; pour d'autres, il est immédiat. La personne s'ajuste à un nouvel impératif qu'elle ne peut pas encore définir et qui la pousse vers un horizon inconnu, à l'intérieur d'elle-même. Cela se répercute jusque dans sa vie conjugale et familiale. Mais cette crise se vit seul. Personne ne peut marcher à la place de l'autre et traverser pour lui ce désert intérieur. »

    « L’adolescent cherche à être lui-même en s’identifiant aux autres, en se mesurant à son entourage. Au seuil de la quarantaine, la personne se mesure à elle-même. Elle s’éloigne du rêve idéaliste de l’adolescence, le réévalue pour qu’il soit moins tyrannique. Elle est invitée à s’accepter telle qu’elle est pour une meilleure croissance personnelle. »

    « Il me semble important que durant ce temps de crise la personne trouve un mode d’expression qui lui permette de dire ce qu’elle vit. Elle pourra ainsi exorciser son mal de vivre et voir un peu la lumière au bout du tunnel. Cela peut prendre plusieurs formes : confidences à un ami, lettres, journal intime, prières, poésie, peinture, danse, théâtre, musique, artisanat. L’art thérapeutique. »

    « Aujourd'hui, je sais par expérience que je ne suis pas seul. Je suis accompagné et rêvé par ce Dieu d'amour qui demeure toute ma joie. Ce que je croyais perdu m'est revenu avec plus de simplicité. J'ai renoncé à prendre le chemin pour me laisser porter davantage par le Christ ressuscité. Il vient à ma rencontre et j'essaie toujours de l'accueillir comme un enfant, en toute confiance, sans comparer et sans juger. L'amour et la foi me guident mieux que mes sens sur ce chemin qui m'échappe sans cesse quand je pense le saisir. Il sème en moi des mots que je ramasse comme des fleurs le long de ma route pour vous les offrir, nous qui sommes des aveugles en quête de lumière. »

    « Qu’arrive-t-il au moment de la quarantaine lorsque les fondations sur lesquelles nous bâtissons notre vie semblent s’écrouler ? Comment réagir lorsqu’on se rend compte que la satisfaction de tous nos désirs matériels ne nous rend pas plus heureux ? Que faire lorsque nos certitudes s’effritent, nos émotions s’entremêlent, nos questions se multiplient ? Une chose : recentrer notre vie en fonction du désir profond qui correspond à l’élan de notre être et qui est toujours plus haut que nous-mêmes. « Le désir, c’est la veilleuse de la vie, c’est cette étincelle toujours allumée qui permet à la flamme de jaillir. »

    Approfondir ce désir qui fait vivre et qui ne demande qu’à brûler, c’est aller au bout de soi-même, monter toujours plus haut, se dépasser en se décentrant de soi pour se tourner vers l’autre à aimer.

    « Au lieu de vivre pour combler nos désirs en consommant toujours plus, pourquoi ne pas trouver le désir essentiel qui est du domaine de la communication, de la relation, de l’amour, du spirituel en nous ?

    C’est un moment pour trouver le sens profond de notre vie, la minute de vérité pour libérer le meilleur de nous-mêmes qui surgit du fond de notre être, et nous laisse pressentir que nous sommes infiniment plus que nous croyons être vraiment. »

    « La foi toute seule n’existe pas. Il y a une personne qui croit ou qui ne croit pas. La foi n’est pas un objet que l’on conserve comme un précieux souvenir, c’est un acte envers un sujet qui donne un sens à notre vie en devenir. Ce n’est pas quelque chose que l’on a et que l’on possède, c’est croire en quelqu’un avec qui on entre en relation d’alliance. La foi est la rencontre de deux désirs »

    Jésus dit : «Je veux lever en toi tous les obstacles qui t'empêchent d'aimer. Sache que tu es aimable et que tu as de la valeur à mes yeux. Je t'aime tel que tu es. Accueille cet amour qui te précède toujours. N'entends-tu pas ton Père, notre Père, te dire ce qu'il me disait lors de mon baptême : " Tu es mon fils bien-aimé, tu as tout mon amour. " Prends ta joie dans l'amour donné du Père. Reçois-le simplement comme un enfant. Tu n'as pas besoin de me prouver ton amour en faisant quelque chose de spectaculaire, en étant populaire, riche, puissant. Non. Laisse-toi aimer par moi et tu prendras le risque d'aimer. Deviens ce que tu es, c'est-à-dire mon bien-aimé que j'ai choisi librement pour qu'au milieu de ta vie tu prennes le risque d'aimer. »

    « L'évangile de Jean nous montre que ce Jésus, le Verbe fait chair, Dieu fait homme, vient combler le désir humain en nous faisant participer à sa vie divine, cette vie d'amour et d'alliance. Cela ne se mérite pas, ni ne se gagne ; ça se reçoit. Plus nous accueillons

    personnellement cette compassion de Dieu dans notre vie désirante, plus nous devenons amour, don, vie. Le risque d'aimer, c'est Dieu qui le prend avec chacun de nous. »

    « Nous voyons le monde de la façon dont nous avons été conditionnés depuis l’enfance. Notre comportement découle de cette façon de voir les choses. Ce que nous pouvons changer dans le monde, c’est nous-mêmes. Or, tout change au milieu de la vie ; nos attitudes, nos comportements, nos valeurs. Cette porte du changement ne peut être ouverte que de l’intérieur. »

    « Aucun couple n’accède à la maturité de son amour sans efforts, crises, souffrances. Aucun ne peut redécouvrir la satisfaction d'être ensemble sans traverser une période plus critique qui arrive normalement entre trente-cinq et quarante-cinq ans. Tout est soumis au feu de l'autre : émotions, peurs, forces, faiblesses. Mais rencontrer l'autre tel qu'il est exige un véritable changement intérieur. Il ne faut pas avoir peur du changement lorsqu'on a décidé de s'aimer dans un projet qui implique la durée et qui intègre la tolérance. On respecte ainsi le mystère de l'autre en reconnaissant le secret qui l'habite. N'est-ce pas la meilleure façon d'apprivoiser tendrement ce démon de midi ? La prière, l'humilité, le travail créateur, la lecture spirituelle, l'attention amoureuse sont autant •de remèdes pour sortir de cette crise de l'âme. »

     

    sam_0152

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