• Extraits de livres lus (Ecouter les mots de Dieu)

    « Extraits du livre « Ecouter les mots de Dieu »

    Les chemins de l’aventure spirituelle

    De Michel RONDET

     

    Résumé : Quarante années de parole et d'enseignement, il y a des jours où l’on trouve que c'est long et que c'est vain. On voudrait pouvoir se taire, ruminer pour soi seul la Parole, ne pas être tenu  de chercher, pour la dire des mots dont on mesure de plus en plus combien ils sont impuissants à traduire l'indicible. Jésus, en Galilée, a connu quelque chose de cette épreuve, pourtant ce n'est pas sa fatigue qu'il a écoutée mais la faim et la soif de cette foule. Je sais que si, fidèle à son exemple, je reprends la parole, son Esprit sera avec moi pour me rendre ce fardeau léger. » (Michel Rondet)

     

    « Aucune de mes infidélités ne lassera la fidélité de Dieu. Aux jours où je suis tenté de baisser les bras, d'abandonner un combat qui m'apparaît ou trop dur, ou trop long et monotone, Dieu est là qui me prend par la main comme il l'a fait pour le paralytique, et me remet debout. »

     

    « Demander à quelqu’un « m’aimes-tu ? », n’est-ce pas la manière la plus délicate et la plus profonde de lui dire « Je t’aime » ? Que le Christ ressuscité puisse nous poser, comme à Pierre, cette question, c’est le témoignage le plus bouleversant que nous puissions recevoir d’un amour qui nous précède et  qui nous espère. »

     

    « Les exercices spirituels appellent : la consolation sans cause. Ce sentiment d’une présence, d’une rencontre qui  nous renouvelle intérieurement, au plus intime de soi-même, est perçu comme un don, une grâce venue d’ailleurs. Quelque chose qui n’est pas le résultat d’une sagesse laborieusement acquise, mais le fruit d’une expérience donnée. » ( Pierrette Brès)

     

    « L’aventure spirituelle n’est pas neutre. Elle met en jeu l’être tout entier, sensibilité, intelligence, volonté. Elle l’engage dans une rencontre de l’Absolu (quel que soit le nom qu’on lui donne) qui est éprouvante. Les risques de dérapage existent donc bien, les vrais mystiques les ont toujours reconnus et se sont efforcée d’en prévenir leurs disciples. »

     

    « Le Dieu chrétien parle, c’est sa première caractéristique. Il est celui qui vient à l’homme, qui suscite l’homme et le monde par sa parole. Il est bien à l’origine et la fin de tout, il est donc aussi la totalité. Mais il es différent et reste en altérité face au monde. S’il établit un rapport  avec le monde et l’homme, c’est un rapport d’alliance, de communion, pas de fusion. »

     

    « Dans le Nouvel Age, il est significatif que l’on parle de méditation plus que de prière, parce que la méditation telle qu’elle est conçue dans ces perspectives -  nous concentre sur ce qu’il y a de plus profond en nous. La prière, qu’elle soit louange, action de grâces ou supplications, nous sort de nous-mêmes pour nous ouvrir à un autre. »

     

    « L’Évangile est vraiment une nouveauté qui peut rendre l’homme heureux dans l’Alliance avec Dieu. Le pauvre, le petit, le pécheur peuvent y trouver plus que la sérénité : la joie, l’espérance et la paix. Une joie qui transcende les conditionnements de la vie, parce qu’elle ne naît pas de nous et de notre harmonie avec l’univers, mais de notre rencontre avec un Dieu personnel dans la foi en sa parole. »

     

    « Nous utilisons des symboles et des signes, mais à force de vouloir les expliquer, nous en appauvrissons la signification. C’est dans leur réalité même de gestes humains que les sacrements doivent devenir signe d’autre chose et nous avons certainement à retrouver et à mettre en valeur cette dimension corporelle de notre agir chrétien. »

     

    « Le désert, par exemple, pour un chrétien n’est pas d’abord le lieu du vide ou de la solitude, c’est le lieu du combat spirituel et de l’épreuve. Ce n’est jamais un stade définitif mais toujours un lieu de passage et lutte entre la terre de servitude et la terre promise. »

     

    « L’unité en Dieu, ce n’est pas l’unité sans faille d’un être parfait et impassible, c’est la perfection de la communion qui rassemble les différences tout en les respectant. C’est ce que l’Eglise a reçu du témoignage de Jésus, ce qu’elle a vécu à la Pentecôte, ce qu’elle ne cesse d’expérimenter et ce qu’elle traduit dans le dogme de la Trinité, en affirmant la différence des personnes dans l’unité de la communion. »

     

    « Pour trouver Dieu, il suffit à l’homme d’exister dans sa liberté d’homme, de prendre en charge sa destinée personnelle jusqu’au bout, en solidarité avec ses frères les hommes et avec le cosmos. Faire ceci, c’est déjà rencontrer Dieu en vérité, parce que c’est rencontrer le Verbe qui humanise le cosmos. »

     

    « Dieu n'est pas lié à une ville, à un sanctuaire, il est partout. Il est proche de celui qui le prie, alors même que rien ne vient plus symboliser sa présence. Là où tout manque, il est le rocher, la force. Avec lui l'espérance est possible au cœur des nuits les plus obscures. »

     

    « Un monde sécularisé est certes éprouvant pour la foi, il peut aussi nous apprendre que Dieu est au-delà de toutes les représentations croyantes. Dans le silence même des références culturelles et sociales, la parole de Dieu est toujours vivante. À nous d'y être attentifs pour la découvrir en nous, lors même que plus rien ne semble nous conduire à elle : «La parole est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur pour que tu la mettes en pratique »

     

    « Quand Dieu n’intervient pas pour modifier en notre faveur le cours des choses, son silence n’est pas indifférence. Absent là où nous l’attendions, il est présent à notre foi, « mais c’est de nuit », comme dit Saint Jean de la Croix. Nous en prendrons conscience plus tard, en revenant sur ce qui nous a maintenus debout au cœur de l’épreuve. Relisant notre vie sous le regard de Dieu, nous découvrirons que la foi, l’espérance et la charité sont restées vivantes en nous, alors qu’elles auraient pu sombrer dans la tourmente qui nous secouait. Mieux elles auront grandi et se seront fortifiées, et Dieu aura pris du poids dans notre vie, alors même que nous nous sentions oubliés, abandonnés. »

     

    « Le pardon est impossible si nous n’acceptons pas de sortir de notre propre logique. Il est au-delà de nos sagesses et de nos prudences. Pour l’oser et le risquer il faut, contre toute espérance, croire à la victoire de l’amour. Il faut l’avoir expérimenté personnellement en se retrouvant sous le pardon de Dieu, réconcilié avec soi-même, avec les autres et avec le monde par le regard d’espérance que Dieu ne cesse de porter sur nous. Dieu est là où les hommes prennent le risque du pardon pour construire la paix. »

     

    « Ce qui exprime le mieux l’identité chrétienne, ce sont des gestes comme celui du bon samaritain sur la route de Jéricho ou celui de Jésus lavant les pieds de ses disciples au soir de la Cène. Si l’identité chrétienne ne se vit par là d’abord, si elle cherche à s’exprimer à travers des attitudes de type sacral (rites, coutumes »religieuses »), elle risque fort de ne pas révéler le Dieu de l’Alliance mais un visage sacré qui n’est que la projection des besoins religieux de l’homme. »

     

    « Le Dieu des chrétiens n’est pas un idole offerte à ma jouissance. Il n’est pas non plus la réponse toute prête à mes questions sans réponses. Il ne vient pas combler mes vides affectifs ou redonner vie à mes espoirs déçus. Il est ce Tout autre qui me transfigure en m’appelant à lui dans la foi. »

     

    « Dans la même perspective, un chrétien n'oublie jamais qu'il reste spirituellement un pèlerin en marche vers la rencontre. Ce qu'il vit lui donne la certitude d'être infiniment aimé de Dieu, mais il sait aussi combien il est incapable d'accueillir cet amour. Loin de prétendre rejoindre Dieu à travers un effort ascétique et contemplatif, il sait que Dieu seul peut creuser en lui la soif et la faim qui lui permettront de l'accueillir: «Si tu savais le don de Dieu... » 

     

    « Même lorsqu’elle se manifeste de façon imprévue, l’action de Dieu dans une vie construit toujours une continuité. Le propre de l’Esprit c’est de donner corps et cohérences à ce qui paraît discontinu. Appels, rencontres, questions, grâces, faiblesses, espérances…, tout ceci pouvait sembler juxtaposé, sans liens, et puis soudain, dans la lumière de Dieu, tout s’unifie et se construit dans un projet. »

     

    « Les fruits de l’Esprit sont « charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi ». La vraie charité est réaliste, elle prend en compte les faiblesses et les dons de chacun.  Les solutions qu’elle propose peuvent être ambitieuses elles restent possibles, elles rassemblent dans la communion, elles ne boudent pas la patience des humbles commencements et des longs cheminements. »

     

    « Si trop souvent nous n'avançons pas dans les voies spirituelles, c'est parce que nous vivons le quotidien de manière répétitive, sans recul et sans profondeur. Nous attendons pour nous convertir l'exceptionnel et parfois nous en voulons à Dieu de ne pas le placer sur notre route, persuadés qu'ailleurs ou demain nous serions autres. Or c'est aujourd'hui que Dieu nous attend, qu'il est présent à nos vies, d'une présence humble et discrète qu'il nous faut apprendre à reconnaître. Rien n'était plus quotidien et répétitif que la vie au carmel de Lisieux et ; pourtant Thérèse a su y découvrir les étapes toujours renouvelées d'une quête d'amour qui ne lui laissait aucun répit. Les mêmes appels, les mêmes exigences d'amour sont là dans nos vies, jour après jour ; encore faut-il que nous sachions les reconnaître. Bien des chrétiens ont témoigné, depuis saint Augustin, qu'à relire ainsi leur vie sous le regard de Dieu, ils avaient découvert Dieu là où ils ne l'attendaient pas. Ils ont reconnu leurs faiblesses et leurs fragilités mais plus encore Dieu présent sur leurs chemins et ce quotidien qui leur paraissait banal a pris pour eux une dimension nouvelle. »

     

    « L'âge impose des contraintes : les petites misères qui s'installent dans nos vies. On voudrait penser à autre chose. Il faut cependant y être attentif si l'on ne veut pas qu'elles deviennent des handicaps plus sérieux. On avait vécu pour les autres, il faut prendre le temps de penser à soi. Être attentif à se maintenir en forme pour éviter ce qui nous rendrait trop vite dépendants. Penser dès aujourd'hui à ceux qui auront un  jour à nous soigner. Tout ceci peut conduire au repli sur soi et sur ses petits problèmes, c'est-à-dire à l'égoïsme des vieillards. À nous d'en faire l'occasion de nous aimer nous-mêmes, de penser à nous avec délicatesse et charité : ce que nous n'avons peut-être jamais eu le temps de faire. A un certain âge, il faut bien convenir que nos vies sont pour une part écrites : socialement, nous sommes situés, notre réputation est faite. En prendre acte n'est .jamais facile. L’accepter humblement peut être libérateur. Nous n'avons plus à devenir quelqu'un, à nous faire une place. Nous n'avons pas dit notre dernier mot, c'est vrai ; mais, à moins de circonstance exceptionnelle - tout le monde ne meurt pas martyr -, nous ne serons que ce que nous sommes devenus. Evidence douloureuse qui cependant nous ouvre un horizon : nous sommes libres désormais de nous consacrer à l'essentiel : ce visage de sainteté que Dieu continue d'espérer de nous et qui est notre vrai visage. »

     

    « Le départ à la retraite est toujours un moment difficile, de tentation de repli sur soi, mais c'est aussi l'occasion de s'ouvrir à d'autres missions, à de nouvelles disponibilités, en famille et au-delà. Il y a tous ceux que personne n'a le temps d'écouter, malades, gens âgés, avec leurs grands ou leurs petits problèmes, leurs angoisses et leurs inquiétudes, leurs questions parfois dérisoires. Il faut savoir être pour eux une oreille attentive, rendue compatissante par l'expérience de ses propres faiblesses »

     

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