• CONTES d'Henri Gougaud (Le grand sage)

    Le grand Sage

     

    Le grand Confucius, un matin, entendit parler d’un ermite qui passait pour le plus paisible et le plus sage des vivants. Il voulut lui rendre visite. Il prit son sac, et s’en alla. L’homme vivait dans la montagne, au nord du pays, loin de tout. Après trois journées de voyage, un soir, à l’orée d’un village :

    - Un ermite vit par ici, paraît-il. Le connaissez-vous ? demanda Confucius à un jeune berger qui poussait devant lui ses chèvres.

    - Je ne l’ai jamais vu, répondit le garçon, mais je sais où est sa cabane. De grands personnages, souvent, viennent de loin le consulter. Tous me demandent le chemin.Il tendit l’index vers les cimes. Confucius découvrit bientôt parmi les arbres sa demeure : une hutte au bord d’un ruisseau. Le vieil homme, assis sur le seuil, tisonnait le feu sous sa soupe. Après qu’ils se furent salués :

    - Vénéré, dit le visiteur, on affirme dans le pays que vous êtes le plus grand sage qui se puisse voir ici-bas.

    - Oh non, lui répondit l’ermite. J’ai entendu parler d’un homme, à trois jours de marche d’ici, dont la sagesse est sûrement beaucoup plus grande que la mienne. Pensez, il a sept apprentis, et moi je n’en ai pas le moindre. Je vis seul, comme le ruisseau.

    A trois jours de marche de là, Confucius avait sept disciples.

    - Certes, on ne m’avait pas menti, répondit-il, les larmes aux yeux. Vous êtes bien, dans ce pays, le plus sage de tous les hommes.

    (Henri Gougaud, L’Almanach)

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