• À toi ma sœur « l’eau »

    À toi ma sœur « l’eau »

     

    Quelle volupté de s’introduire en toi dans l’intimité d’une salle de bains ou dans ton immensité immaculée, ou bien encore de glisser sur toi quand tu nous fais la grâce de devenir neige.

    Mais tu peux être meurtrière si l’humain inconscient ne respecte pas tes codes. Alors tu deviens avalanche et tombeau.

    Tu es fraternelle.

    Tu abreuves et nourris à égalité le plus grand des présidents et le plus petit de ses citoyens.

    De même pour le bourreau et l’innocent.

    Mais cette égalité, tu peux la rendre terrifiante en engloutissant le petit-fils du roi de Thaïlande qui faisait des tas de sable sur la plage, jouant dans tes flots tel le plus pauvre de ses sujets, lors du terrifiant tsunami.

    Malgré tout, plus d’un milliard d’êtres humains sont obligés d’aller, chaque jour, te chercher loin, parfois très loin.

    Alors que chez nous, en Europe, il suffit d’ouvrir n’importe quel robinet pour goûter instantanément ta fraîcheur...

    Riches, nous te gaspillons impunément et honteusement.

    Ta vocation est unifiante.

    Quelle joie après une marche harassante de s’abreuver ensemble à ta source désaltérante et pure !

    Mais quelles haines tu suscites quand des pays se déchirent pour t’avoir en exclusivité, coupant tes sources vives pour leur seul usage !

    On t’encercle, on t’amoncelle pour le plus grand bien de peuplades immenses.

    Mais tu es libre.

    Et, parfois, tu sors de ta prison pour dévaster un territoire qui était le tien.

    Fréjus et d’autres en gardent le souvenir impérissable et mortifère

    Tu es libre.

    Chaque goutte tombée du ciel a la liberté de se lover où elle l’entend.

    Elle est libre, notre sœur l’eau. Elle va où elle veut.

    Elle se fait attendre. Parfois longtemps.

    Elle  ses périodes pour abreuver la terre, sauf si le magicien pervers qu’est l’homme brise ses cycles.

    Se vengerait-elle par ces tornades infernales qui laminent d’un seul coup les terres assoiffées en les appauvrissant encore plus ?

    Nous ne te respectons pas.

    L’animal, lui, te consomme avec modération et sagesse, est -ce pour cela que, lors de tes accès de furie, tu sais lui faire signe à lui seul ?

    Les animaux sentent les séismes terrifiants qui approchent à grande vitesse. Ils se sauvent d’instinct et survivent lors des grandes catastrophes.

    Le jour où l’homme te respectera, peut-être alors nous feras-tu signe pour prévenir que tu es en colère !

    Puissions-nous, sœur eau, te respecter infiniment.

    Et te remercier, toi, cadeau inestimable de Dieu, en ne gaspillant pas une seule goutte de la vie que tu nous donnes.

    Prière que j’ai écrite après le tsunami

    (extrait du livre de Guy Gilbert « Aimer à tout casser. »

    À toi ma sœur « l’eau »

    Aout 2023, Haute Loire

     

     

     

     


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