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L’unité
Ne bouge pas. Je sais.
Ne dis rien. J’entends tout :
La clameur des lèvres muettes,
Les orages des yeux fermés.
Je sais l’étincelle et la foudre
De tes silences
Je te connais
Par tes rêves blancs et noirs,
Tes lâchetés, tes courages,
Tes bonaces, tes ramages.
Ton cœur bat dans mon cœur,
je déteste quand
tu te déteste.
Je marche avec toi, sur cette route
Qui conduit à l’infini,
A l’aube, à la nuit éclatante,
Au peuple des vivants
Nous sommes l’unité.
Pierre Gamara
extrait de « L’amitié des poètes »
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Extraits du livre « Dieu est humour »
De Marie Ange Pompignoli et Bernard Peyrous
Bulletin scolaire
« Jésus qui est élève à l’école de Nazareth, rentre chez lui avec son bulletin scolaire. Franchement, ce n’est pas très bon. Sa mère a déjà vu un mauvais bulletin, et elle n’a rien dit, méditant toutes ces choses sans son cœur. Mais aujourd’hui, le plus difficile reste à faire : il faut le montrer à Joseph.
Expéditeur : école Siméon de Nazareth
Destinataires : Joseph et Marie BenDavid
Objet : Bulletin de Jésus.
Mathématique : Ne sait quasiment rien faire, à par multiplier les pains et les poissons. Le sens de l’addition n’est pas acquis, affirme que son Père et lui ne font qu’un.
Écriture : N’a jamais ses cahiers et ses crayons ; est obligé d’écrire sur le sable.
Géographie : N’a aucun sens de l’orientation ; affirme qu’il n’y a chemin et qu’il conduit chez son Père.
Chimie : Ne fais pas les exercices demandés ; dès qu’on à le dos tourné, transforme l’eau en vin pour faire rigoler ses camarades.
Éducation civique : Au lieu d’apprendre à nager comme tout le monde, marche sur l’eau.
Expression orale : Grosses difficultés à parler clairement ; s’exprime en paraboles.
Ordre : A perdu toutes ses affaires d’école et déclare sans vergogne qu’il n’a même pas une pierre comme oreiller.
Conduite : Fâcheuses tendance à fréquenter les étrangers, les pauvres, les galeux et même les prostituées.
Joseph se dit vraiment que ça ne peut plus durer, qu’il doit prendre des mesures sévères : « Eh bien, Jésus, puisque c’est comme ça, tu peux faire une croix sur tes vacances de Pâques !.... »
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Fleur solitaire
Par un soir ténébreux de l'arrière-saison.
Dans un coup de rafale une graine emportée,
Tombant contre les murs d'une haute prison,
Entre de vieux pavés mal joints s'est arrêtée.
Dans ce lit de hasard elle dort tout l'hiver,
Sous des blocs de granit froidement inhumée ;
Mais quand au tiède avril le ciel bleu s'est ouvert,
Elle tressaille et germe où le vent l'a semée.
Alors, comme sortant d'un funèbre sommeil,
Elle émerge à grand'peine et s'exhausse de terre,
Et d'un suprême effort aspirant au soleil
Elle frémit d'espoir, la pauvre solitaire.
Puis, grâce à de longs jets flexibles et rampants,
S'attachant par saut brusque ou par lente caresse,
Comme la vigne vierge et les rosiers grimpants,
Elle escalade enfin la haute forteresse.
Quand elle arrive au bout de son rude chemin,
Montant jusqu'au rebord d'une étroite fenêtre,
Elle étale sa fleur près d'un visage humain
Qu'elle a vu triste et pâle à la grille apparaître.
À plein cœur exhalant son parfum printanier,
La fleur s'épanouit... et meurt dans la soirée ;
Mais elle s'est ouverte aux yeux du prisonnier,
Qui seul a pu la voir, qui seul l'a respirée.André Lemoyne
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