• Contes extraits du livre de Alexandro Jodorowsky «  la Sagesse des contes »

     

    Conte le Grammairien

    Mulla Nasrudin est un passeur. Un jour, l’homme qu’il transporte dans sa barque est un grammairien. En cours de route, ce dernier lui demande

    « Connaissez-vous la grammaire ? »

    Pas du tout, répond le Mulla sans hésitation.

    Eh bien permettez-moi de vous dire que vous avez perdu la moitié de votre vie ! »  réplique avec dédain le savant.

    Un peu plus tard, le vent se met à souffler et la barque est engloutie par les flots. Juste avant de sombrer le Mulla demande à son passager :

    Savez-vous nager ?

    Non répondit ce dernier terrifié.

    Eh bien, permettez-moi de vous dire que vous pouvez considérer toute votre vie comme perdue !

     

    012

    Tous les ânes, sauf moi

    Le Mulla s’en était allé acheter un âne. La foire aux ânes battait son plein parmi la foule des paysans. Au milieu de ce tumulte, il entendit un quidam affirmer qu’il n’y avait là que des ânes et des paysans. Rien d’autre.

    « Es-tu paysan toi-même ? lui demanda le Mulla

    Moi ? Non …

    Alors, ne m’en dis pas plus ! » Ironisa le Mulla.

     

    008

    Les raisins

    Un Persan, un Arabe, un Turc et un Grec, affamés, errent dans le désert. Rêveur, le Persan évoque le goût des angûrs et souhaite en manger sur-le-champ. L’Arabe remarque qu’’il serait bien plus agréable de manger des inabs. Le Turc le reprend en affirmant que les usums seraient plus indiqués dans leur situation. Le Grec surenchérit en louant les vertus des iztafils. Voulant tous avoir le dernier mot, les quatre hommes commencent à se quereller. Alors qu’ils sont que le point d’en venir aux mains, un sage, croisant leur chemin, comprend l’objet de leur querelle et les calme aussitôt en leur disant :

    « Cessez de vous battre ! Vous parler de la même chose. Vous voulez tous manger du raisin. Celui-ci se nomme angûr en persan, inab en arabe, uzum en turc et iztafil en grec. »

     

    012

    Dieu et le pain sec

    En temps de guerre, une grand-mère juive donna à son petit fils une tranche de pain sec sur lequel elle a étalé, sur une seule face, une fine couche de graisse d’oie.. Par malheur, le pain tombe des mains de l’enfant, la partie tartinée du côté du sol. La terre se mêle à la graisse et le pain est immangeable. La grand-mère furieuse, s’exclame : « Dieu n’est pas bon ! Pourquoi n’a-t-il pas fait que le crouton tombe par terre du coté sec ? Mon petit fils aurait pu le manger. » Comme elle sent que la colère lui fait perdre la foi, elle va en en courant chez le rabbin du village et lui raconte ce qui s’est passé. Le saint homme réfléchit quelques instants, puis lui dit d’une voix douce : « Bonne dame, ce n’est pas que Dieu soit mauvais, c’est que tu as mis la graisse d’oie sur le mauvais conté de la tranche de pain »

    (Le subtil message de ce conte est que face aux événements négatifs, au lieu de nous irriter contre Dieu, le hasard, la nature ou le destin en les accusant d’être cruels et implacables, nous devons chercher en nous-mêmes les causes de l’échec. Si la grand-mère avait appris à son petit fils à bien tenir sa tartine dans la main, donc à prendre conscience de l’importance vitale de cet aliment, le fâcheux incident ne serait pas arrivé. Ce contenter de donner au nécessiteux ce qui lui manque est un acte incomplet. Nous devons également lui apprendre à estimer le don et ne pas le gaspiller.)

     

    008

    Les deux souris et le pot au lait

    Deux petites souris tombèrent dans un pot de lait. Le bord du pot étant beaucoup trop haut, elles se retrouvèrent prisonnières du récipient et se mirent à nager frénétiquement sous peine de couler. Elles se démentaient ainsi depuis un certain temps quand l’une des deux perdit espoir et abandonna sa lutte. Elle cessa de nager et se noya. L’autre, exténuée, décida de continuer à lutter jusqu’à la limite extrême de ses forces. Elle nagea et nagea sans relâche. Tout à coup, le lait tourna en beurre et, prenant appui sur cette nouvelle matière solide, la petite souris sauta par-dessus bord et s’échappa.

    (Il faut lutter jusqu’à la dernière seconde, ne pas se laisser faire et toujours garder espoir)

    012

     

    Une autre façon de voir

    Il était une fois un rabbin qui était un saint. Ce rabbin avait un assistant. Un jour une femme vint le voir et lui dit : « Mon mari m’a abandonnée. Reviendra-t-il ? » Gardant ses yeux fermés, le saint homme lui répondit :

    « Rentre chez toi, ton mari va revenir. »

    L’assistant, qui raccompagne la femme à la porte, lui murmura :

    « Ton mari ne reviendra pas. »

    Pourquoi me dis-tu une chose pareille alors que le rabbin m’a dit le contraire ?

    Pendant votre entrevue, le maître avait les yeux tournés vers l’intérieur. Il ne t’a pas vu. Mais moi si ! »

    (Voila une blague « inspirée » mais méchante.

    Pourtant, vue sous un autre angle, celui qui se trompe n’est pas le rabbin, mais bien l’assistant qui ne voit les êtres que d’une manière superficielle. Le saint lui, les perçoit avec son cœur. Il voit la perle et les valeurs enfouies dans cette femme. C’est pour cela qu’il lui dit : « ton mari reviendra. »)

     

    008

    L’homme couché

     

    Un homme était étendu sur le bord d’un chemin. Il n’était ni blessé ni mort, juste couvert de poussières. Un voleur l’aperçut et se dit

    «  C’est surement un voleur qui s’est endormi. La police va venir le chercher. Il vaut mieux que je m’éclipse avant qu’elle n’arrive. »

    Un peu plus tard, un ivrogne le contourna en titubant :

    « Voilà ce que c’est de ne pas tenir l’alcool ! constata-t-il Allez, salut l’ami ! Et la prochaine fois ne bois pas tant. »

    Arriva un sage. Il s’approcha se dit :

    « Cet homme et en extase. Je vais méditer à ses côtés. »

    (C’est une histoire racontée par Ramakrishna. Nous voyons la réalité et les êtres selon nos propres projections. On ne voit pas l’autre tel qu’il est réellement, mais tel qu’on le perçoit après l’avoir fait passer par le filtre de nos projections)


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  • Grand-mère

    « Que fais-tu grand-mère, assise là, dehors, toute seule ? »

    Eh bien, vois-tu, j’apprends. J’apprends le petit, le minuscule, l’infini. J’apprends les os qui craquent, le regard qui se détourne. J’apprends à être transparente, à regarder au lieu d’être regardée. J’apprends le goût de l’instant quand mes mains tremblent, la précipitation du cœur qui bat trop vite. J’apprends à marcher doucement, à bouger dans des limites plus étroites qu’avant et à y trouver un espace plus vaste que le ciel.

    « Comment est-ce que tu apprends tout cela grand-mère ? »

    J’apprends avec les arbres, et avec les oiseaux, j’apprends avec les nuages. J’apprends à rester en place, et à vivre dans le silence. J’apprends à garder les yeux ouverts et à écouter le vent, j’apprends la patience et aussi l’ennui ; j’apprends que la tristesse du coeur est un nuage, et nuage aussi le plaisir ; j’apprends à passer sans laisser de traces, à perdre sans retenir et à recommencer sans me lasser.

    « Grand-mère, je ne comprends pas, pourquoi apprendre tout ça ? »

    Parce qu’il me faut apprendre à regarder les os de mon visage et les veines de mes mains, à accepter la douleur de mon corps, le souffle des nuits et le goût précieux de chaque journée ; parce qu’avec l’élan de la vague et le long retrait des marées, j’apprends à voir du bout des doigts et à écouter avec les yeux. J’apprends qu’il faut aimer, que le bonheur des autres est notre propre bonheur, que leurs yeux reflètent dans nos yeux et leurs coeurs dans nos coeurs. J’apprends qu’on avance mieux en se donnant la main, que même un corps immobile danse quand le coeur est tranquille. Que la route est sans fin, et pourtant toujours exactement là.

    « Et avec tout ça, pour finir, qu’apprends-tu donc grand-mère ? »
    J’apprends, dit la grand-mère à l’enfant, j’apprends à être vieille !

    Source: Joshin Luce Bachoux...www.lespasseurs.com

     


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  • L’orchestre de la vie

     

    "Harmonise-toi, trouve ta propre note, et fais-la résonner haut et clair,
    car tu fais partie du vaste orchestre de la vie.
    Tu as ton rôle spécifique à jouer,
    alors n'essaie pas de jouer celui de qui que ce soit d'autre.
    Cherche et trouve le tien et tiens-y-toi ! 
     Lorsque tu apprendras à faire cela, tout ira très, très bien pour toi.

    Ce sont les âmes qui cherchent à jouer la note de quelqu'un d'autre
    qui se trouveront en disharmonie avec le tout.
    N'essaie jamais d'être comme qui que ce soit d'autre
    ou faire ce qu'un autre fait.
    Je ne veux pas que vous soyez tous identiques,
    comme des pois dans une gousse.
    J'ai besoin de vous, tous différents, avec vos propres dons et qualités.

    Un orchestre fait d'instruments identiques serait très ennuyeux.
    Dans l'orchestre, plus il y a d'instruments fondus
    ensemble en une harmonie parfaite,
    plus le son qui en sort est riche et merveilleux."

    Eileen Caddy
    “la petite voix”

    (Les sacrés Mystères de la vie blog de nini)

     


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