12 Mars 2011
La vie antérieure.
J’ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux.
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles en roulant les images des cieux,
Mêlaient d’une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux colleurs de couchant reflété par mes yeux.
C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l’azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d’odeurs,
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et donc l’unique soin était d’approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.
(Charles Baudelaire)