6 Août 2011
Être capable d’amitié
« L'homme nouveau, l'homme libre est à l'aise avec les autres, il est ouvert, gai et affectueux, c'est un bon ami. L'art d'aimer n'apprend pas à battre les records. Il ne suffit pas de « donner » des choses aux autres. II faut leur donner quelque chose de nous-mêmes, de notre vie, de ce qui est vivant en nous. Nous pouvons partager nos joies et nos peines, nos rêves et nos déceptions, nos expériences et nos projets, autrement dit, nous donner nous-mêmes, offrir notre amitié. Certains s'investissent à fond dans un travail social, mais n'ont jamais fait de véritables rencontres, ne se sont jamais montrés tels qu'ils sont réellement.
Le rapport sincère avec les autres est source de vitalité, d'idées nouvelles et met en valeur les qualités.
L'amitié est, sans doute, ce qu'il y a de meilleur, le don le plus précieux que la vie sur terre peut nous offrir. En effet, qui pourrait se dire qu'il l'a méritée ?
L'ami est quelqu'un dont la présence nous met à l'aise. Nous pouvons être comme nous sommes. II comprend nos contradictions internes, celles qui portent les autres à mal nous juger. Tout peut s'écrouler, l’amitié est toujours là pour encourager, soutenir, rassurer et donner l'espoir.
En fréquentant et aimant les gens les plus divers, le cœur devient grand et la connaissance de la condition humaine est plus profonde, les jugements portés sur les situations complexes, moins radicaux.
Chaque personne est importante et sacrée, en dépit de ses défaillances ou de ses erreurs, de sa fragilité ou de son passé. Étant donné que les derniers seront les premiers dans le royaume du Christ, nous devons, quant à nous, respecter davantage le brin d'herbe que l'orchidée, plus la goutte de rosée que la chute d'eau, et il est bon de demander à Dieu d'enlever nos œillères. D'aucuns parlent d'une « ascèse des relations humaines », qui consisterait à accorder un espace à l'autre pour qu'il puisse s'y épanouir, « être à l'aise », à ne pas le juger lorsque les autres le jugent, à ne le mépriser ni le rejeter et à voir ses défaillances « avec les yeux d'un ami
Lorsqu'on est découragé, faible ou angoissé, il est terriblement important de trouver quelqu'un qui vous comprenne, qui ne vous gronde pas, qui ne vous donne pas de leçons, mais qui vous réconforte et vous encourage. Cette « ascèse » s'exerce à l'écoute. Elle nous pousse à nous engager dans l'art difficile d'aller au fond des choses avec les autres, de ne pas nous arrêter à ce qu'ils racontent, mais d'atteindre ce qu'ils veulent dire, de ne pas seulement entendre des paroles, mais des messages. Écouter c'est vivre la charité.
Il est même fréquent de voir que des gens qui viennent vous demander conseil, s'en vont tout contents sans même avoir attendu de réponse. En effet, ce qu'ils cherchaient vraiment ce n'était pas un conseil mais un silence, une patience et pouvoir s'épancher.
Il faudrait que nous renoncions à « l'orgueil des recettes toutes faites et à avoir raison en tout », qui nous empêche tant de fois d'être en syntonie avec les autres. En admettant notre faiblesse, nous sommes à même d'encourager autrui : cela le fait grandir. Par contre, en pensant tout savoir, nous pouvons bloquer les gens autour de nous.
« N'ouvre pas la bouche si tu n'es pas sûr que ce que tu vas dire est plus beau que le silence », dit la sagesse populaire.
« Aimer ne consiste pas seulement à faire quelque chose pour l’autre, mais à faire confiance à la vie qu’il y a en lui. C’est comprendre l’autre avec ses réactions plus ou moins opportunes, ses peurs et ses espoirs. C’est lui faire voir qu’il est unique et digne d’attention, l’aider à accepter ce qu’il vaut réellement, sa beauté personnelle, la lumière cachée en lui, les sens de son existence. C’est montrer à l’autre combien on est content d’être près de lui. »
(Extrait du livre « La liberté vécue avec la force de la foi »
De Jutta Burggraf)