Le Monde de la Philo et de la Poésie

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Contes de Noël : Merci

Merci

 

        Je sortais du magasin et la neige recommençait à tomber. A quelques jours de Noël, j’étais plutôt content, car pour une fois, je m’y prenais à temps pour les cadeaux. J’avais l’impression que j’allais fêter un beau Noël en famille. Si cette neige durait, cela allait être un Noël blanc, superbe.

        En plus, un jeune prêtre, jeune et dynamique, venait d’arriver en paroisse. Je pressentais une messe de Noël belle, avec une homélie à la portée de tous et surtout pas trop longue. Brefs, j’étais absorbé dans mes pensées lorsqu’un pauvre au coin de la rue me tendit la main. C’était un SDF que je voyais souvent et qui, en fin de compte, m’énervait avec son air de susciter la pitié.

        Je lui fis un sourire forcé, et c’était bientôt Noël, alors je lui donnai la pièce. Je m’attendais à un merci lorsqu’il me répondit : « Non merci » ?

J’étais déjà parti dans mon élan lorsque sa réponse me stoppa net. Comment ça, « Non merci » ?

« Non », mon pauvre me disait que ma pièce était fausse. Je le regardais. Elle ne me paraissait pas plus fausse qu’une autre. Cela m’énerva un peu, mais j’en cherchai une autre, plus grosse. Il me la rendit aussi. La moutarde commença à me monter au nez. Je le regardais plus qu’agacer. J’ouvris nerveusement mon portefeuille et lui tendis un billet. Il le regarda, me fixa, puis tranquillement m’affirma que ce n’était pas un vrai. Il se moque de moi, pensais-je, il n’a plus sa raison, il joue, ce n’est pas possible.

Je n’osais pas lui demander ce qu’il voulait, craignant qu’il veuille la totalité de mon argent. Enfin, je lui offrais deux billets et là, c’était bon, pensais-je. Ma main était figée dans le vent et les billets flottaient dans l’air. Je le regardais en le fixant intensément, l’air de dire : «  Tu les prends ces billets, ne n’ai pas ce ça à faire, et puis c’est ta dernière chance… »

Le pauvre regarda les billets et sourit, puis fit non de la tête. Alors là, c’était trop ! Je rangeais le tout dans mon sac en haussant les épaules et commençais à partir. Il lança : « C’est pas grave ! » et renchérit : « La prochaine fois ce sera avec le cœur ! Là, pièces et billets seront vrais. » Je restais, paralysé, traversé par une onde de choc. Cet homme me raconta, lorsque je finis par m’asseoir à côté de lui, qu’il avait appris, petit, que Dieu aimait celui qui donne avec joie.

Avec ma femme et mes enfants, nous en avons parlé et, le soir de Noël après la messe, nous avons dit au reste de la famille : « Devinez qui vient dîner ? »

(Christophe Hadevis)

 

nozl390
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P
Un seul mot : magnifique. <br /> Merci, Renal
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