8 Août 2008
L’accoucheuse
La nuit dans le sous-sol
D’un immeuble détruit
S’entasse une foule de blessés
Meurtris par la bombe atomique.
Pas même une bougie
L’odeur de sang se mêle
A celle des cadavres.
On étouffe, l’air est imprégné
De sueur et vibrant de gémissements.
Une voix au ton étrange, s’élève
Tout à coup : « Un bébé va naître »
Dans ce sous-sol pareil
Aux fins fonds de l’enfer.
Une jeune femme commence
A sentir les douleurs,
Que faire dans un tel noir
Sans une seule allumette.
Tout le monde s’inquiète pour elle,
Chacun oubliant sa propre souffrance.
Alors une blessée gravement atteinte
Se met à dire : « Je suis sage-femme,
J’ai l’habitude d’accoucher »
C’est ainsi que vint au monde
Une vie nouvelle dans les ténèbres de l’enfer,
Et ainsi que mourut
La sage femme, couverte de sang,
Sans atteindre l’aube.
« Je ferais naître cet enfant
Oui je ferais naître cet enfant
Même au sacrifice de ma vie »
(Sadako Kurihara mars 1946)