16 Février 2013
Les fleurs du papier de ta chambre
« Nous sommes sur le mur
Et ne sommes pas dures,
Nous avons un parfum
Plus léger que nature
Et qui sent un jardin
Dans les pays futurs
Ou les pays anciens,
C'est là notre parure.
Et nous nous répétons,
Du parquet au plafond,
Crainte d'être incomprises,
Parce que nous n'avons
Ni fraîcheur ni saisons
Ciel, abeilles ni brises. »
Une main sur le mur,
C'est l'enfant qui s'éveille,
Elle a grand'peur, allume,
Le papier de la chambre
À soi-même est pareil,
Il veille et l'accompagne.
Le pied touche le bois
Du lit toujours sérieux
Qui lui dit dans ses voix :
«Ce n'est pas l'heure encore
De partir pour l'école.»
Anita se rendort
Dans le calme parfum
De son papier à fleurs
Dont les belles couleurs
Ignorant le repos
Dans la nuit, à tâtons,
Sans se tromper jamais
Élaborent l'aurore.
Jules Supervielle (extrait du livre « Les enfants en poésie »)