19 Mai 2012
Le Petit Garçon noir
Ma mère m'a mis au monde dans le sud sauvage,
Et je suis noir, mais O ! Mon âme est blanche ;
Blanc comme un ange est l'enfant anglais,
Mais je suis noir, comme privé de lumière.
Ma mère m'a instruit sous un arbre,
Et s'asseyant avant la chaleur du jour,
Elle m'a pris sur ses genoux et m'a embrassé,
Et désignant l'est, a commencé à dire :
« Regarde le soleil levant : là, là, Dieu habite,
« Et prodigue sa lumière, et prodigue sa chaleur ;
« Fleurs et arbres, animaux et hommes en reçoivent
« Réconfort le matin, joie à l'heure de midi.
« Et nous sommes mis sur terre un petit laps de temps
« Afin que nous apprenions à supporter les rayons d'amour ;
« Et ces corps noirs et ce visage brûlé du soleil
« Ce n'est qu'un nuage, et comme un bois ombreux.
« Car quand nos âmes ont appris à supporter la chaleur,
« Le nuage s'évanouira ; nous entendrons sa voix,
« Disant : Sortez du bois, mon amour et mon souci,
« Et autour de ma tente dorée réjouissez-vous comme des
Agneaux.
« Ainsi a dit ma mère, et elle m'a embrassé ;
Et ainsi je dis au petit garçon anglais :
Quand je serai libéré du nuage noir et lui du blanc,
Et qu'autour de la tente de Dieu comme des agneaux nous
Nous ébattrons,
Je l'abriterai de la chaleur, jusqu'à ce qu'il supporte
De se pencher joyeux sur le genou de notre père ;
Et je demeurerai caressant ses cheveux d'argent,
Et serai comme lui, alors il m'aimera.
William Blake