15 Mars 2014
La souris
Comme, à la clarté d’une lampe, je fais ma quotidienne page d’écriture,
j’entends un léger bruit. Si je m’arrête, il cesse.
Il recommence, dès que je gratte le papier.
C’est une souris qui s’éveille. Chaque fois que je pose mon porte-plume, ce silence l’inquiète. Chaque fois que je m’en sers, elle croit peut être qu’il y a une autre souris quelque part, et elle se rassure. Puis je ne l’a vois plus. Elle est sous ma table, dans mes jambes. Elle circule d’un pied de chaise à l’autre. Elle frôle mes sabots, en mordille le bois, ou, hardiment, la voilà dessus !
Et il ne faut pas que je bouge la jambe, que je respire fort : elle filerait. Mais il faut que je continue d’écrire, et de peur qu’elle de m’abandonne à mon ennui de solitaire, j’écris des signes, des riens,
Petitement, menu, menu, comme elle grignote
Jules Renard « Le sourire de Jules «