3 Août 2014
« L'arbre de la tristesse, ne le plante pas dans ton cœur. Relis chaque matin le livre de la joie. »
Omar Khayyâm
On imagine souvent que le réalisme et la lucidité ont un visage sérieux voire austère. La vie, pense-t-on après avoir vécu quelques revers, désillusions, ou afflictions, n’est pas une partie de plaisir. Nul ne songerait à contester les sévérités de l’existence, assurément. Cependant, serait-ce une raison pour considérer que la joie est interdite de séjour ici-bas, et qu’elle n’apparaît que comme puissance consolatrice ou comme pirouette compensatoire ? Ne nous méprenons pas sur la joie : elle n’est pas légère et futile comme nous l’imaginons trop souvent. Elle peut être grave et profonde aussi. Elle peut apparaître, de manière inattendue, côte à côte avec le devoir, avec la peine, dans le sobre vêtement de travail de l’ordinaire et pas seulement en habits defête. La tristesse, évitons de la convier à notre table, elle pourrait s’y installer durablement. Ne laissons pas la tristesse instiller en nous sa douce mélancolie, qui agit comme un poison lent jusqu’à paralyser notre élan vital. Goûtons plutôt au nectar de la joie, potion revivifiant par excellence, grâce à laquelle nous ne cesserons de nous sentir pleinement vivants.
François Garagnon http://www.montecristo-editions.com