17 Juin 2014
Souvenir
II siège au coin du feu, les paupières mi-closes,
Aspirant la chaleur du brasier qui s'éteint ;
La bouilloire bouillonne avec des bruits d'étain ;
Le bois flambe, noircit, s'effile en charbons rosés.
Le royal exilé prend de sublimes poses ;
II allonge son nez sur ses pieds de satin ;
II s'endort, il échappe au stupide destin,
A l'irrémédiable écroulement des choses.
Les siècles en son cœur ont épaissi leur nuit,
Mais au fond de son cœur, inextinguible, luit
Comme un flambeau sacré, son rêve héréditaire :
Un soir d'or, le déclin empourpré du soleil,
De fûts noirs de palmiers sur l'horizon vermeil,
Un grand fleuve qui roule entre deux murs de terre.
Hippolyte Taine,