20 Juin 2014
Étude de chat
Aujourd'hui depuis l'aube, ayant ripaillé
Au vieux château qui le vit naître,
II est, sur son fauteuil poudreux et dépaillé,
Accroupi devant la fenêtre.
Il pleuvasse un peu, mais pour ce craintif de l'eau
L'ondée a trop de violence ;
II reste au gîte, y fait son ronronnant solo
Dans la musique du silence.
Confit en sa mollesse, il peine à s'étirer ;
Piété, sort sa griffe, la rentre ;
Pour le moment, sans puce, et gavé son plein ventre
II n'a plus rien à désirer.
Une poussière ayant picoté son nez rosé,
II éternue, et comme un loir,
II s'étend, paresseux, chargé de nonchaloir,
Et genoux plies se repose.
L'œil mi-clos, rêvassant plutôt qu'il ne sommeille,
Gardant l'ouïe et l'odorat,
II guigne le grillon du mur, flaire le rat,
Écoute ronfler une abeille.
Le temps passe, à la fin, de sieste en somnolence,
Il s’endort, puis, se réveillant,
Se rendort de nouveau, se réveille en bâillant,
Tant qu’il sort de son indolence.
Il toussote, se mouche et se désassoupit,
Bombe son échine et la creuse
En redressant sa queue alerte, tout heureuse
D’avoir terminé son répit.
Maurice Rollinat