24 Juin 2010
La Grande Conférence universelle et intemporelle
Un jour, un prince du Très-Haut convoqua un grand nombre de penseurs, philosophes, poètes, écrivains, moralistes, mystiques et savants pour disserter d'une question à la fois banale et d'une légendaire complexité : l'Homme. Par quelle coupable ironie du sort n'était-il possible de rapporter la plupart des destinées d'hommes qu'en commençant par le mot « hélas » ? Pourquoi l'homme semblait-il donc s'acharner à gâcher ainsi la louable liberté qui lui avait été accordée avec magnanimité par le Très-Haut ? Quel terrible fatum l'incitait à se précipiter dans les abîmes du péché, de la résignation, du désespoir ? Par quel insidieux poison son cœur s'en trouvait-il perverti ?
Une grande Conférence universelle et intemporelle fut donc préparée pour débattre de cette question. Les hôtes qui y furent conviés étaient très variés, avec cependant cette caractéristique commune : intellectuels réputés, tous avaient atteint un âge respectable laissant augurer une sagesse hors du commun; le plus ancien, Pindare, était né voilà plus de deux mille cinq cents ans, tandis que le benjamin était presque centenaire.
Comment donc pouvait-on définir l'Homme ?
— Un caprice chromosomique.
— Soixante-dix kilos de chair et d'os.
— Un germe né d'une poignée de poussière.
— Un corps et une âme, livrés sans mode d'emploi.
— Une conscience qui a le tourment de l'infini.
— Un promeneur qui erre sur le chemin sans en connaître le but,
— Un fil conducteur qui n'est pas « au courant ».
— Une œuvre à accomplir.
— Un bloc de marbre qui se prend pour une statue immortelle avant même d'être taillé par le destin.
Un dieu couché sur le lit de camp du temporel.
— Un faiseur de songes, un rêveur d'impossible, ou mieux : un rêve qui se prend pour une réalité.
— Un passant étourdi et amnésique qui se soumet au concept mystérieusement générique de fatalité.
— Une pierre qui méprise les autres pierres et qui rêve pourtant de devenir clé de voûte. !
— Un être responsable, qui se croit seul et unique.
— La défaite toujours recommencée de la vanité et de l'orgueil.
— Tantôt une semence, tantôt un débris...
— Un animal pervers qui cherche à se venger d'une jungle qu'il ne connaît pas.
— Un je-ne-sais-quoi qui ne sait presque rien.
— Quelque chose entre zéro et l'infini.
— Un malentendu entre Dieu et la nature.
— Tantôt un saint, tantôt un assassin!
Du rire et des larmes : voilà le propre de l'homme!
« L'homme ? Quelqu'un qui ne peut rester lui-même qu'en travaillant sans cesse à s'élever au-dessus de lui-même. » (Jules Lachelier)
« L'homme est fait de la substance des songes » (Shakespeare)
« Il n’y a pas de cause d’erreur plus fréquente que la recherche de la vérité absolue. » (Samuel Butler)
« Le plus précieux de nous-mêmes est ce qui reste informulé. » (André Gide)
« Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ? Notre crime est d’être homme et de vouloir connaître : ignorer et servir, c’est la loi de notre être. »(Lamartine)
« L’homme n’est rien en lui-même. Il n’est qu’une chance infinie. Mais il est le responsable de cette chance. » (Camus)
« Être homme, c’est précisément être responsable. C’est sentir en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde. Il est déjà grand le soldat qui se découvre sentinelle. » (Saint Exupéry)
« La vie parfois se présente vulgaire ; mais le sage, pour en relever l’originelle bassesse, a cette ressource de rêver. » (Paul Arène)
« L’homme est une corde tendue entre l’animal et le surhomme, une corde au-dessus de l’abîme. » (Nietzche)
« On ne fonde en soi l’Être dont on se réclame que par des actes. Un Être n’est pas l’empire du langage, mais de celui des actes. » (Cap Juby)
« Le monde serait meilleur si vous l’étiez… » (Saint Paul)
« Si les cœurs étaient clairs, le monde serait clair. » (Jacques Audiberti)
« L’homme n’est ni bon ni méchant, il naît avec des instincts et des aptitudes. » (Balzac)
« Il s’agit de passer du dehors au-dedans, de découvrir un ciel intérieur à nous-mêmes. Etre humain, c’est être capable de créer au-dedans de soi, un bien si précieux qu’il dépasse tous les biens. » (Zundel)
« Mon fils la plus lâche de toutes les tentations est celle du découragement. » (Saint François de Sales)
« Il n’y a pas d’amour de vivre sans désespoir de vivre. » (Camus)
« L’homme est une passion inutile. On ne fait pas ce qu’on veut, et cependant on est responsable de ce qu’on est. » (Sartre)
« Dire que l’homme est un composé de force et de faiblesse, de lumière et d’aveuglement, de petitesse et de grandeur, ce n’est pas lui faire son procès, c’est le définir. » (Diderot)
« Qui vit sans folie n’est pas si sage qu’il croit. » (La Rochefoucauld)
« La vérité de l’homme, s’il y a une vérité de l’homme, n’est pas en lui, mais au-dessus de lui. Il lui faut se dépasser pour se rejoindre (Maulnier)
« L’homme est une plante qui porte des pensées, comme un rosier porte des roses, et un pommier des pommes. » (Antoine Fabre d’Olivet)
« Il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser. » (Camus)
« L’homme est un poème que l’Être a commencé. » (Heidegger)
« Il faut réinventer le passé pour voir la beauté de l’avenir. Il est temps d’instaurer la religion de l’amour. » (Aragon)
« Devant les murs de la cité, un soir d’hiver. Un homme qui avait beaucoup souffert Cria, désespéré : « Quel but poursuit la vie ? »
Et clairement, l’Écho lui répond ; La vie ! » (Frans de Wilde)
Fin.