Le Monde de la Philo et de la Poésie

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Invitation à la Sérénité du cœur

EXTRAIT DU LIVRE « Invitation à la Sérénité du cœur »

D’ANSELM GRÜN

« Il existe une intranquillité maladive que seul un médecin ou un psychiatre est à même de traiter. Je n'entrerai pas ici dans une analyse détaillée de notre époque car cela dépasse mes compétences. Je voudrais seulement présenter quelques observations et réflexions, à partir de mon expérience, sur les causes de cette incapacité à trouver la paix. Pour cela je ne m'appuierai pas sur des études mais sur les entretiens que j'ai pu avoir en marge de mes séminaires. J’espère pourtant que cette perspective, bien que limitée, rendra clairs quelques phénomènes caractéristiques de notre époque. »

 

« Mark Twain pensait déjà que l’activisme de son époque était l’expression d’une absence de but et d’orientation : « Lorsqu’ils perdirent de vue leur but, ils redoublèrent d’efforts. » Celui qui a un but devant les yeux maintient le cap sans se presser. Celui qui ne connaît plus son objectif essaie de le remplir par l’activisme ce vide intérieur. Il se sent important parce qu'il a beaucoup à faire. Il veut se prouver que sa vie a un sens. Occupé en permanence, son activité, à y regarder de plus près, semble bien vaine. Elle ne lui sert qu'à masquer le vide qui, derrière son stress, le menace dangereusement. Paul Virilio a traduit cette expérience par ces mots : « La vitesse suscite le vide et le vide provoque la hâte. » Plus quelqu'un est affairé et plus le vide s'empare de lui, plus il tente de combler ce vide, par des activités stressantes. Ainsi se forme un cercle vicieux duquel il ne peut s’échapper. »

 

« Vouloir posséder quelque chose n’est pas mal en soi. L’aspiration à posséder prend sa source dans le désir de vivre dans la paix et la sécurité. La possession est promesse de paix. Mais beaucoup sont « possédés » par leur désir de possession. Ils ont poussés à acquérir toujours plus. Parce qu’ils n’ont pas suffisamment de richesses en eux, ils la recherche à l’extérieur. »

 

« L’Akedia : Incapacité de trouver la paix. Etre incapable d’être dans l’instant, à se laisser aller à ce que qui est. Pas capable de se concentrer sur rien, ni sur le travail, ni sur la prière, ni sur l’oisiveté. Si nous n’allons pas bien, c’est la faute des autres.  Nous nous révoltons contre tout, les personnes avec lesquelles nous vivons, l’endroit où nous habitons, le temps qu’il fait, le programme de la télévision, les vêtements que nous portons et même contre notre corps qui n’est pas comme il devrait être. Cette maladie, très répandue aujourd’hui, à été fort décrite par Pascal Brucker dans la « Tentation de l’innocence ».  Maladie de la victimisation : c’est toujours la faute des autres et il nous est impossible de trouver la sérénité. Jean Cassien dresse une liste des attitudes qui découlent de l’akédia : L’oisiveté, l’envie de dormir, la mauvaise humeur, l’inquiétude, l’errance, l’inconstance, le flot de paroles, la curiosité. Il décrit de façon pertinente, le comportement de beaucoup de nos contemporains. »     

« Celui que la jalousie tourmente sait combien celle-ci le prive de la paix. Mais reconnaître cette jalousie détruirait l’image que nous avons de nous-mêmes. Aussi la transformons-nous en colère contre l’autre »

« Jésus incarne la sagesse divine. Il nous montre le chemin pour accéder à la vraie vie, à la joie, la paix et la sérénité. Il conçoit son action comme une offrande de paix à tous ceux qui peinent et qui s’inquiètent. Jésus donne  aux hommes accès à Dieu son Père et à ce qui le caractérise, c'est-à-dire la sérénité et le repos issus de la joie d’accepter ce qui est. »

 

« II nous faut aussi apprendre que Jésus est bienveillant, humble, doux, aimable et non violent. Il est humble parce qu'il est descendu jusqu'au plus profond de la condition humaine. Douceur et humilité, , sont bien les deux attitudes qui conduisent à la paix. Prays désigne l'amabilité et la patience dont Jésus fait   preuve   même   envers   les pécheurs.  Jésus  est  humble  et  doux. Qui apprend  de Jésus  cette  bienveillance, cette douceur envers les autres comme envers soi-même trouve la paix du cœur, qui au contraire, est agressif et libère ses passions et ses désirs éveille une énergie négative qui l'empêche de trouver la "sérénité. Il se tient en permanence sur ses gardes pour éviter que ses passions ne le dominent et ne l'aveuglent. La bienveillance envers soi et les autres évite la peur le se sentir toujours attaqué et exploité. Se laisser envahir par la douceur, laisser les meules de la vie broyer dureté et rigidité conduit à la paix véritable. »

 

« Avoir le courage de s'accepter comme tel, c'est ne pas s'élever au-dessus de notre état de créature. Être humble, c'est avoir le courage de regarder la vérité en face, c'est abandonner la fière monture des idéaux pour mettre pied à terre afin de se réconcilier avec sa véritable humanité. Ne fuyons pas notre vérité, ne refusons pas de voir notre condition humaine si nous voulons trouver la sérénité. »

« Le chemin vers le repos passe par une bonne gestion des affects qui agitent notre âme. Il faut ne pas se laisser ébranler mais canaliser ses émotions pour les mettre au service de la seule aspiration à Dieu. »

 

« Si nous nous posons la question «Et moi, qui suis-je ? », nous renonçons aux images fausses que nous nous faisons de nous-mêmes, nous cessons de nous considérer comme le centre du monde. En effet, l'ego est une source d'anxiété. L'ego est bavard, il se demande s'il plaît, s'il attire l'attention des autres, s'il réussit. Nombreux sont ceux qui n'accèdent jamais à la sérénité parce qu'ils sont obnubilés par leur ego et se demandent en permanence si celui-ci est assez considéré. La question « Qui suis-je ? » me rapproche de mon être véritable, du point d'où je peux vraiment dire « Je ». Ce « moi » reste, en fin de compte, un mystère. »

« Il nous faut renoncer à quelque chose que nous faisons trop souvent : juger les autres. Même si nous ne l’exprimons pas, notre cœur s’occupe sans cesse des autres. Juger nous empêche de demeurer en nous. Nous passons notre temps à découvrir chez les autres des défauts pour échapper à notre propre vérité. Et ainsi, nous n’accédons jamais ni à nous-mêmes ni à la sérénité. »

« La vraie patience et tranquillité ne s’acquiert et ne se garde que par une profonde humilité du cœur. L’humilité est connaissance de sa propre vérité, de sa médiocrité, des ses passions, de sa part d’ombre. Seul celui qui est prêt à regarder en face  sa vérité peut accéder à la paix de l’âme. Aucune méthode ou technique ne peut apporter cette paix, seule le courage de descendre au plus profond de soi, d’accepter sa condition terrestre et son humanité, le permet. »

« La paix du cœur est bien un état intérieur. Lorsque nous ne souffrons plus des attaques de notre entourage, nous pouvons dire  que nous sommes vraiment parvenus à la Paix en Dieu. »

« Sois le gardien de ton cœur et n’y laisse entrer aucune pensées sans l’interroger !  Demande à chacune d’entre elles : « Es-tu des nôtres ou es-tu une adversaire ? »  Si elle fait partit de ta maison, elle t’emplira de paix, mais si elle  ennemie elle suscitera ta colère et excitera tes désirs. »

« Tant que nous vivons, nous subissons constamment l’assaut des pensées et des émotions. En les laissant nous traverser, nous restons calmes malgré tout. Au-delà de la conscience, dans notre cœur, dans notre véritable moi l’inquiétude n’a pas de prise, elle n’habite que dans notre intellect, dans nos émotions. »

« Nous pouvons passer de l'intranquillité au calme en concentrant à chaque instant notre attention sur ce qui est. Nous ne luttons pas alors contre notre inquiétude mais nous la vivons en toute conscience. Nous prêtons attention à ce qui se déroule en nous lorsque nous sommes inquiets. Ce regard attentionné transforme déjà notre inquiétude. Nous là laissons advenir sans la combattre : elle est là sans nous dominer. Nous lui donnons le droit d'exister mais elle n'a plus la première place. Le point d'où nous regardons notre inquiétude n'est plus contaminé par elle. Nous nous lions d'amitié avec elle et cela l'amadoue bien mieux que si nous la combattions violemment. Nous devons observer comment cette inquiétude se traduit dans nos pensées et dans notre corps, comment elle croît, se renforce puis s'atténue. Ainsi, nous arrivons à rester calmes au milieu de la tempête. »

« La plupart du temps, nous ne nous sentons pas à la hauteur de nos attentes. Insatisfait de nous-mêmes et du monde, une inquiétude  diffuse naît en nous alors que nous pourrions laisser les choses telles qu’elles sont, sans nous sentir obligés de les changer, puisqu’elles se transformeraient d’elles mêmes. »

« Tout chemin qui nous rapproche de la communion avec Dieu nous rapproche de la Paix. Pour l’un ce sera la méditation, pour un autre l’eucharistie, pour un troisième une promenade. Les chemins sont nombreux qui peuvent nous conduire à l’union avec Dieu. Ce ne sont pas de simples techniques qui peuvent nous aider à surmonter notre inquiétude : les chemins qui mènent vraiment à la paix passent par l’expérience de notre propre vérité, par la rencontre avec Dieu. En fin de compte c’est le chemin de la prière et de la méditation qui, après un détour par notre propre vérité, nous conduit jusqu’à Dieu et nous offre, en Dieu une part de paix divine. »

« Dans la prière, nous nous retirons momentanément de tout ce qui nous accapare, nous l’envisageons à partir de Dieu. Par cette saine distance, nous nous libérons des troubles et des soucis. La prière nous ramène au calme au cœur même de l’intranquillité. La prière quotidienne nous garantit que nous ne nous laisserons pas happer par le stress plus de huit heure et nous offre des balises pour prendre du recul afin d’ancrer à nouveau notre vie en Dieu et l’apaiser. »

Conclusion

« Nous ne pouvons, par nos propres moyens, calmer notre cœur intranquille. Nous ne pouvons atténuer nos propres angoisses et notre sentiment de culpabilité, nous ne pouvons échapper à notre ombre. Nous avons besoin de Dieu auprès duquel nous nous sentons à l’abri. Nous avons besoin de son amour grâce auquel nous nous sentons acceptés sans condition puisque nous avons le droit d’êtres tels que nous sommes avec nos angoisses et nos tourments. Devant Dieu, nous pouvons nous montrer tels que nous sommes et, ainsi, cesser de nous fuir de façon mortifère. Installés à l’ombre de son arbre, nous pouvons accéder à la véritable sérénité, à ce repos auquel nous aspirons tous tellement. »

 

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