1 Février 2014
Extraits du livre d’Henri Gougaud
« Les Dits de Maître SHONGLANG »
Résumé : Trois personnages : le maître luthier Shonglang, l’apprenti et Petite Vertu.
Un atelier, le jardin et les jours qui s’écroulent entre rêverie, poésie et philosophie.
« Cette nuit dit l’apprenti,
J’ai fais un rêve déconcertant.
Une vieille femme m’est apparue
Elle m’a pris par l’épaule
Et m’a dit à l’oreille :
« Souviens-toi de ne jamais croire
Les paroles entendues en songe. »
Les yeux de maître Shonglang s’illuminent.
Il abandonne son balai,
Ote de sa bouche sa pipe en terre,
Prend aux épaules l’adolescent ébaubi,
L’étreint.
Bonne nouvelle, dit-il
Tu viens de franchir le seuil
Du labyrinthe de la vérité
Où depuis longtemps je t’attendais.
Bienvenue compagnon, bienvenue ! »
« Maître Shonglang
Polit tendrement un pipeau de merisier
Et l’instruit à voix secrète :
- Pour celui qui viendra dans la lumière
Chante comme la source.
- Pour celui qui viendra dans les ténèbres,
Chante comme l’oiseau.
- Pour celui qui ne viendra pas,
Chante les plus profondes musiques
De ton âme. »
« Maître Shonglang demeuré seul
Près de la lampe qui faiblit
Affûte son crayon,
Disperse les copeaux,
Se penche,
Et trace ces mots appliqués :
« Petite Vertu,
Cette feuille jaunie où j’écris pour toi ce poème
Est la dernière page de ma vieille clé des songes.
Le jour tombe.
Le vent pâle emporte
Les feuilles du chêne.
L’apprenti mélancolique
Frissonne le long de la route déserte.
Il espère ta rencontre.
Comme j’aimerais avoir froid moi aussi ;
Mon épaule contre la sienne !
Toi
Dans la chaleur robuste de ta cuisine
Tu attises les braises sous le chaudron
Et ton visage rougeoie, tes yeux brillent.
Dès que la première étoile paraîtra
Pour l’amour de toi
J’ouvrirai la lucarne de l’atelier
Et la cage de l’oiseau
Dont j’envie le chant. » ( A suivre...)