12 Mai 2014
Extraits du livre : « Du bonheur, un voyage philosophique »
De Frédéric LENOIR
Du bonheur, un voyage philosophique
« Michel de Montaigne, va frayer un chemin de sagesse joyeux, moderne, conforme à la nature de chacun, qui trouve un écho étonnant chez les sages chinois taoïste, tout particulièrement Tchouang-tseu, principal fondateur du taoïsme philosophique avec Lao-tseu. On pourrait résumer cette sagesse en quelques mots : rien n’est plus précieux que la vie, et pour être heureux, il suffit d’apprendre à aimer la vie et à en jouir avec justesse et souplesse, selon sa nature propre. Tchouang-tseu et Montaigne ont aussi un trait commun : l’humour. Ces deux sceptiques se moquent des dogmatiques, se plaisent à raconter des anecdotes truculentes, tournent en dérision les suffisants, savent rire d’eux même et de leurs semblables. »
« Montaigne en est convaincu, chaque individu doit pouvoir trouver-lui-même la voie du bonheur qui lui convient, en fonction de ce qu’il est, de son caractère, de sa sensibilité ; de sa constitution physique, de ses forces et de ses faiblesses, des aspirations et de ses rêves. »
« Le philosophe ne peut jamais atteindre à des certitudes. Il ne peut transmettre que des intimes convictions. Autrement dit, une philosophie exprime d’abord et avant tout ce que voit, ressent et pense un homme dans une société donnée et à un moment précis de l’histoire. Un homme de tempérament pessimiste produira une philosophie marquée du sceau du pessimisme, tout comme un optimiste sera enclin à porter un regard optimiste sur l’homme et sur le monde. »
« Nous cherchons constamment notre bonheur en nous projetant dans le monde extérieur et matériel, alors qu’il ne peut être trouvé qu’en nous, dans la satisfaction profonde que nous pouvons tirer des plaisirs simples de la vie, qui pour la plupart, ne coûtent rien. Ce qui importe, dès lors, c’est de se connaître soi-même, au sens de connaître sa propre nature : qu’est ce qui est bon pour moi ? se demanda Montaigne. Sa philosophie émerge de ce qu’il ressent, de ce qu’il voit, de ce qu’il constate et éprouve en lui-même. C’est pour cela qu’elle lui convient, mais c’est aussi pour cette raison qu’elle nous touche : il nous convie à faire de même, à réapprendre à penser à partir de nos sens, de nos expériences, de l’observation de nous-mêmes, pas seulement à partir de théories apprises (la pensée des autres), des coutumes et des préjugés de la société dans laquelle nous vivons. »
« Toute la sagesse de Montaigne se résume à une sorte de grand « oui » sacré à la vie. Connaître et accepter sa nature propre pour apprendre à jouir au mieux de la vie. Esquiver toute souffrance évitable, et supporter avec patience les épreuves inévitables tout en continuant à essayer de jouir de ce qui nous contente. Compenser la brièveté des l’existence par la qualité et l’intensité de nos expériences. Il n’y a d’ailleurs qu’ainsi que nous pourrons affronter la mort sans regrets. »
« C’est en renonçant à son égo qu’il devient pleinement lui-même et pleinement homme. Tels sont les paradoxes de la sagesse taoïste : c’est en s’oubliant qu’on se trouve, en refusant d’agir qu’on exerce une influence, en redevenant enfant qu’on accède à la sagesse, en acceptant sa faiblesse qu’on devient fort, en regardant la Terre qu’on découvre le Ciel, en aimant pleinement la vie qu’on peut accepter sereinement la mort. » (A suivre.....)