18 Février 2012
Extrait du livre « Donner du sens à sa vie »
Sous la direction de Marc de Smedt et de Patrice Van Eersel
« La philosophie est une pensée ; cela se fait avec des mots et des raisonnements. La sagesse serait plutôt un certain type de silence. La philosophie est un travail, la sagesse un repos. Mais la philosophie, ses concepts et ses arguments tendent vers la sagesse et la préparent, afin de faire advenir ce silence en soi. Et vous savez comme moi que se taire, y compris intérieurement, est une des choses les plus difficiles qui soient. Philosopher, c'est parler pour se taire, le contraire donc du bavardage, qui consiste à parler pour parler. C’est pourquoi la philosophie est nécessaire, et c'est pourquoi elle ne suffit pas. Comment, en multipliant les mots, pourrait-on faire silence ? Comment, à force de travail, pourrait-on obtenir du repos ? Il faut donc autre chose, non à la place de la philosophie, mais en elle ou à côté : c'est ce que la « spiritualité » ou la « méditation ».
(André Comte-Sponville)
« La violence qui me heurte le plus, vient de la non-représentation du monde des autres, du manque d’ouverture, de tolérance, de curiosité de l’autre. Un monde de sangsues n’est pas un monde de chiens, lequel n’est pas un monde humain. Plus on cherche à découvrir l’autre, à comprendre son univers, plus on le considère. Dés l’instant où l’on ne tente pas cette aventure, on peut commettre des actes de violence sans en avoir conscience. »(Boris Cyrulnik)
« Nous sommes sans cesse en train de courir, de penser, d’errer à la recherche de quelque chose. Se mettre dans la posture, méditer, faire zazen, permet d’arrêter le mouvement, de stopper le processus de fuite en avant, ce processus qui fait que l’on se retrouve à l’heure de sa mort en ayant gâché sa vie dans l’illusion de la vivre.
Avant tout, il faut arrêter les habitudes, stopper le déroulement du Karma, cet enchaînement des causes et des effets dans notre vie quotidienne, le laisser filer loin de nous comme des nuages filent au-dessus de la montagne sans jamais l’emprisonner. Une partie du malheur de l’humanité vient du fait que les gens ne savent pas se libérer de l’emprise de leur karma, de l’attachement à leur histoire personnelle.
La vie est comme une ligne faite de points. Chaque instant, plus les points, et donc la ligne, sont forts. Il faut tracer sa vie avec force. La posture de méditation aide, c’est tout. Elle aide à guérir le corps et l’esprit. » (Taisen Deshimaru)
« Toute action engendre» des conséquences, certaines que nous pouvons prévoir, d'autres que nous ne pouvons pas prévoir. La pratique consiste donc aussi dans un lâcher-prise avant l'action. Un événement se produit, une situation se présente, qui peut être extérieure à nous ou intérieure (comme un vertige, un mal au ventre, une angoisse diffuse). L'essentiel, c'est la manière dont chacun se situe face à ce vécu intime que l'existence produit en lui. Nous avons la possibilité d'accueillir cette réaction, parce que c'est la vérité de l'instant, mais sans nous l'approprier.
Les événements, quels qu'ils soient, produisent en nous des émotions en tout genre, heureuses ou malheureuses, plus ou moins intenses. Si nous apprenons peu à peu cette attitude de lâcher-prise, celle-ci finit par imprégner toute notre existence et crée en nous une grande détente : l'événement se présente, mais la réaction mécanique ne se produit plus. Les émotions font place à l’équanimité !
(Arnaud Desjardins)