29 Février 2012
Le chemin
Le cheminque je prends me construit à mesure que j'avance. Je marche d'un pas léger, car je porte au doigt la promesse d'une aube éternelle. Je sais que je ne suis pas seul à prendre ce chemin. Pourtant je me sens faible. Les questions montent comme des bulles.
Ai-je progressé cette semaine où tant de cimes se sont brouillées pendant que je marchais ? Ai-je vécu avec l'enfant qui me traçait le parcours quand j'écoutais sa voix avec l'oreille du cœur?
Vouloir le chemin, c'est le perdre, alors qu'il est si simple de le prendre comme un enfant, sans comparer, sans regarder, malgré les meurtres et les mensonges qui jalonnent l'existence. Ni le vouloir ni le désir ne me rapprochent du chemin. Il vient vers moi quand je suis détaché de lui; si je pense le saisir, il m'échappe. L'amour et la foi me guident plus sûrement que mes yeux sur ce chemin obscur.
Renoncer au chemin, c'est se laisser prendre par Lui, l'Autre-fait-chemin-pour-nous. Je ramasse ses mots semés en moi tout au long de la route. Au mitan de ma vie, le temps est venu d'écrire ses mots qui éclairent le chemin.
(Jacques Gauthier, « Les mots de l'Autre. »)