14 Mars 2011
Au fleuve
Je prendrai de ton eau dans le creux de mes mains,
Fleuve, pour te humer et pour mouiller mes tempes !
Que ne suis-je l’enfant qu’on voit dans les estampes
Graver son humble nom sur tes arceaux romains !
Maintes gloires par qui l’âme s’exalte, maints
Héros et maints penseurs, quels rêves sous les lampes.
Brûlent de cet éclat sacré dont tu les trempes,
Ces héros, ces penseurs, ces hommes surhumains,
Ces dieux ! La nuit stellaire enveloppe leur trône,
Voici l’aurore éclose aux flots, voici le Rhône
Impétueux, au pied des rocs et des cités
Qu’effleure de frissons le soleil comme une aile
S’allonger en détours d’ombres et de clartés
Vers le rayonnement de la mer éternelle.
(André Fontainas (1865-1948))