17 Mars 2008
EXTRAIT « DE VIE DE FAMILLE JUIVE » D’ÉDITH STEIN
Cela tenait au fait que j'avais complètement changé d'attitude vers les autres et envers moi-même. Il ne s'agissait plus pour moi d'avoir raison et «d'avoir à tout prix le dessus» sur mon adversaire Et si je portais toujours un regard perçant sur les points faibles des personnes, je ne le mettais pas à profit pour les atteindre en leur point sensible mais pour éviter de les blesser. Et même ma tendance à vouloir faire l'éducation des autres, que j’affichais toujours, ne m'en empêchait pas. J'avais appris qu'on ne rend que très rarement les autres meilleurs en leur « disant la vérité » : cela ne peut être utile que s'ils ont vraiment eux-mêmes le désir de devenir meilleurs, et qu’ils accordent aux autres le droit de leur faire des remarques.
Ma ligne de conduite était toujours : céder en tout ce qui ne constituerait pas une injustice.
Voici le curriculum vitae rédigé par Edith Stein pour présenter sa thèse (Fribourg, 1916)
«Moi, Edith Stein, suis née le 12 octobre J891 à Breslau, de Siegfried Stein, négociant, décédé, et de son épouse Augusta, née Courant. Je suis de nationalité prussienne et juive. D'octobre 1897 à Pâques 1906, j'ai suivi les cours de l'école Viktoria (lycée d'Etat) à Breslau et de Pâques 1908 à Pâques 1911, j'ai fréquenté l'établissement scolaire qui lui est associé dans la section scientifique, où j'ai ensuite passé mon examen de fin d'études. En octobre 1915, j'ai obtenu le diplôme de la section de lettres classiques, après avoir passé l'examen complémentaire de grec au lycée Johanneum à Breslau. De Pâques 1911 à Pâques 1913, j'ai étudié à l'université de Breslau, puis j'ai suivi quatre semestres à l'université de Göttingen en philosophie, psychologie, histoire et germanistique. J'ai passé à Göttingen, en janvier 1915, l'examen d'Etat pro facultete docendi en propédeutique philosophique, en histoire et en allemand. A la fin de ce semestre, j'ai interrompu mes études et j'ai servi à la Croix-Rouge comme infirmière pendant quelque temps. De février à octobre 1916, j'ai assuré le remplacement d'un professeur du secondaire alors malade, à Breslau, dans le lycée mentionné ci-dessus. Je suis ensuite allée à Fribourg-en-Brisgau pour travailler comme assistante auprès du professeur Husserl.
Je voudrais ici exprimer ma profonde reconnaissance à tous ceux qui m'ont stimulée et m'ont aidée pendant ces années d'études avant tout à ceux parmi mes professeurs et mes camarades qui m’ont initiée à la phénoménologie: monsieur le professeur Husserl, monsieur Reinach et la société philosophique de Göttingen.»