13 Février 2011
Un matin
Dès le matin, par mes grand-routes coutumières
Qui traversent chants et vergers,
Je suis parti clair et léger,
Le corps enveloppé de vent et de lumière...
Je marche avec l'orgueil d'aimer l'air et la terre,
D'être immense et d'être fou
Et de mêler le monde et tout
À cet enivrement de vie élémentaire...
Les bras fluides et doux des rivières m'accueillent ;
Je me repose et je repars
Avec mon guide le hasard,
Par les sentiers sous bois dont je mâche les feuilles...
Oh ! Ces marches à travers bois, plaines, fossés,
Où l'être chante et pleure et crie
Et se dépense avec furie
Et s'enivre de soi ainsi qu'un insensé !
Emile Verhaeren (1855-1916) poète belge