4 Mai 2014
Le coq
Chaque matin, au saut du perchoir,
Le coq regarde si l’autre est toujours là,
Et l’autre y est toujours.
Le coq fait le beau, gonfle ses plumes,
Qui ne sont pas mal,
Celles-ci bleues et celles-là argentées,
Mais l’autre, en plein azur, est éblouissant d’or.
Le coq rassemble ses poules, et marche à leur tête.
Voyez, elles sont à lui ;
Toutes l’aiment et toutes le craignent,
Mais l’autre est adoré des hirondelles.
Le coq se prodigue : il pose, ça et là,
Ses virgules d’amour, et triomphe
D’un ton aigu, de petits riens,
Mais l’autre éclate encore
Des derniers feux du soleil,
Et chante de sa voix pure,
Le pacifique angélus du soir.
Jules Renard « Le sourire de Jules