10 Février 2014
Le chaland
Sur l’arrière de son bateau,
Le batelier promène
Sa maison naine
Par les canaux.
Elle est joyeuse, et nette, et lisse
Et glisse
Tranquillement sur le chemin des eaux.
Cloisons rouges et porte verte,
Et frais et blancs rideaux
Aux fenêtres ouvertes.
Et, sur le pont, une cage d’oiseau
Et deux baquets et un tonneau ;
Et le roquet qui vers les gens aboie,
Et dont l’écho renvoie
La colère vaine vers le bateau.
Le batelier promène
Sa maison naine
Sur les canaux
Qui font le tour de la Hollande
Et de la Flandre et du Brabant.
Il transporte des cargaisons,
Par tas plus hauts que sa maison ;
Sacs de pommes vertes et blondes,
Fèves et pois, choux et raiforts,
Et quelque fois des seigles d’or
Qui arrivent du bout du monde.
Emile Verhaeren