21 Décembre 2012
Les hauts peupliers
Mon père aimait les chênes ;
Ma mère les sorbiers,
Moi, j’aimais les fontaines
Et les hauts peupliers.
De ma chambre d’enfant,
Je les voyais jouer
Comme des lévriers
Avec le chat du vent.
Leurs jeux, dans le soleil,
Jetaient sur mon cahier
Des ombres mordorées
Et des morceaux de ciel.
Ce qu’ils devenaient calmes
Lorsque tombait le soir !
Sur leurs branches étales,
Ils prenaient des étoiles.
Et tout en les berçant,
Me berçais si longtemps
Qu’à mon tour, en rêvant,
Je me voyais, jouant,
Etoile dans le vent.
Maurice Carême