28 Janvier 2013
Le brouillard du matin
« Regarde, me disait ma mère,
Le ciel vient d’engloutir la terre. »
Dans le matin,
Pareil à un gouffre béant,
Il n’y avait plus de jardin
Rien que du blanc.
Tout semblait s’être évanoui
Sauf moi qui regardais, surpris
Le front appuyé au carreau.
Je tardais à venir à table
Où refroidissait mon café
Je m’attendais à un miracle…
« Si tu continues de rêver,
S’impatientait, soudain ma mère,
Le brouillard pourrait t’avaler
Bien mieux encore que la terre. »
Et docile, j’obéissais.
Ma mère disait toujours vrai.
Maurice Carême extrait de « Souvenirs »