18 Mai 2015
Le pas de la porte
La porte a ses nuances.
A peine ouverte,
un peu fermée,
elle fait la maison chaude ;
s'il fait très froid dehors,
elle l'empêche d'entrer.
La porte a ses secrets.
Elle est serrure
et bonne clé.
Et tout peut s'écrouler
quand on perd le trousseau
qui permet de passer.
La porte a ses mystères.
Elle se fait dure
menace de grincer
et fait trembler les murs
si l'on oublie d'huiler
les gonds sur le côté.
La porte a ses effets.
Elle ouvre sur le monde
ou sur l'intimité.
Il est bon de veiller
sur l'oiseau dans le nid
et sur son envolée.
La porte a ses surprises.
C'est un voisin qui frappe
au moment du dîner.
De la porte à la table,
il n'y a que le pas
du pain à partager.
La porte a ses pudeurs.
Elle peut rester étroite
quand on ne s'attend pas
à être dérangé.
Mais elle peut s'élargir
au nombre des amis.
La porte a son histoire.
Un jour, elle claque fort
et manque sa sortie,
mais elle s'ouvre toujours
à celui qui revient
le cœur gros de chagrin.
La porte a son humour.
Elle sait tenir sa place.
Même les coups de pied
dont elle garde les traces,
n'empêchent pas l'amour
d'entrer et de sortir
Car la porte, c'est l'avenir
et la pierre qui s'use
à force de passer
s'appelle « pas »
non « pas » en arrière...
mais « pas » en avant.
Pas de la porte pour le passant,
là, devant
pour le passage à l'au-delà,
pour le passage à l'Autre,
le Vivant,
Celui qui fait passer
du côté de la joie.
Christiane Gaud-Descouleurs