26 Mai 2016
Mes sabots
Vous qui me portez, mes sabots,
Vieux compagnons de mon voyage,
Qui serez, au bout de votre âge,
Troués, crevés comme un bateau
Qui ne peut plus marcher sur l’eau,
Ma vie est là dans le langage
Que vous parler à demi-mot
Où à grand bruit sur le pavage ;
Ma vie est là dans le silence
Endormi de vos lits jumeaux ;
Piquant de vos clous les dormeurs,
Vous frappez le jour en cadence
Et toute la terre de France
Sort avec vous de sa torpeur.
O mes sabots de paysan,
Vaisseaux de brève contenance,
Contenez aussi votre élan,
Car ce courage qui commence
Doit durer longtemps, très longtemps.
Pierre Menanteau.