28 Septembre 2016
Le ravin des coquelicots
Dans un creux sauvage muet
Qui n’est pas connu du bluet
Ni de la chèvre au pied fluet
Ni personne,
Loin des sentiers des bourricots,
Loin des bruits réveilleurs d’échos,
Un fouillis de coquelicots
Songe et frissonne.
Ils bruissent dans l’air léger
Sitôt que le temps va changer,
Au moindre aquilon passager
Qui les tapote,
Et se démènent tous si fort
Sous le terrible vent du Nord
Qu’on dirait du sang qui se tord
et qui clapote
frôlés des oiseaux rebâcheurs
et des sidérales blancheurs,
ils pensent là dans les fraicheurs
et les vertiges,
aussi bien que dans les sillons ;
et tous ces jolis vermillons
tremblent comme des papillons
au bout des tiges.
Les carmins et les incarnats,
La pourpre des assassinats,
Tous les rubis, tous les grenats
Luisent en elles ;
C’est pourquoi, par certains midis,
Leurs doux pétales attiédis
Sont le radieux paradis
Des coccinelles
Maurice Rollinat (extraits)
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