22 Mars 2010
EXTRAIT DU LIVRE DE PIERRE TALEC
« La Sérénité »
« La nuance entre voir et regarder réside en ceci : voir suppose que l’on embrasse d’un coup d’œil plus ou moins distrait ce qui s’impose à notre champs de vision. Regarder c’est poser son regard. Un regard réfléchi, contemplatif, afin de discerner ce que recèle toute chose, ce que révèle tout être. Regard d’amour qui donne une autre vision des choses. »
« Sur le chemin de chaque destinée, il nous faut trouver un équilibre de vie, pour faire face aux grandes épreuves de l’existence, mais aussi à la banalité de chaque jour. La morosité est le chiendent de la quotidienneté. »
« La sérénité fait jour en nous par cette capacité d’admirer, de pouvoir faire les gestes élémentaires de l’existence : voir, écouter, marcher …. »
« La vie est pleine de surprises pour celui qui sait ouvrir les yeux. La sérénité se loge dans celles que l’on sait accueillir, que l’on sait faire à autrui, dont seule l’amitié a le secret. Il y a plus de joie à donner que recevoir dit-on : depuis le coup de téléphone sans autre raison que de demander des nouvelles, jusqu’au petit mot envoyé rapidement. La sérénité est fille de la disponibilité. »
« La sérénité est question d’organisation de son intérieur. Question de détermination. Alors à chacun de saisir l’embellie lorsqu’elle se présent au détour d’une rue, saisir l’intense de l’instant. Saisir le temps du « temps intérieur ». Saisir dans un grand regard circulaire la beauté du monde. »
« Affronter, c’est refuser de se conduire en assisté. N’attendez pas qu’une idéologie, une religion, la société, fasse à votre place ce que vous pouvez faire vous-même. Ce qui est en votre pouvoir, faites-le, et cessez de mettre sur le dos des autres ce que vous pourriez faire vous-même. »
« Ce n’est pas exclusivement le contenu de ce que l’on fait, de ce que l’on a à vivre, qui fait que la vie est bien remplie mais la fulgurance d’un amour qui donne à toute présence humaine, à toute action, une tonalité de sérénité. »
« Ce qui m'apparaît maintenant avec la clarté de l'évidence, c'est que ni l'avenir, ni le passé n'existent. Il y a trois temps, le passé, le présent et l'avenir. Peut-être dirait-on plus justement : " II y a trois temps : le présent du passé, le présent du présent, le présent du futur. " Car ces trois sortes de temps existent dans notre esprit et je ne les vois pas ailleurs. Le présent du passé, c'est la mémoire; le présent du présent, c'est l'intuition directe; le présent de l'avenir, c'est l'attente. » (Saint Augustin)
« La mauvais foi appartient à la catégorie du mensonge plus ou moins conscient. On s’invente des raisons qui n’en sont pas pour se justifier et avoir raison. Cette attitude procède souvent du mouvement irrationnel de la peur. On redoute de perdre la face, d’être mis en échec par l’autre. On se persuade alors d’être dans le vrai en mettant en avant d’autres causes que celles qui sont à l’origine du drame. La mauvaise foi peut devenir perverse quand on sait que l’on se ment à soi-même en trompant l’autre. »
« Ne faut-il pas commencer par regarder dans quelle mesure il nous arrive de faire notre propre malheur, par exemple en menant une vie impossible, en faisant le contraire des conseils que l'on peut vous donner ? C'est terrible de voir s'enfoncer peu à peu dans le gouffre ceux que l'on aide à s'en sortir, alors qu'on demeure impuissant, à les voir se nuire quand ce n'est pas se détruire. »
« Au cœur de la souffrance la plus atroce, c’est vrai que de se savoir aimé, entouré, ça change, sinon tout, au moins quelque chose dans la manière de supporter la souffrance. »
« La sérénité a besoin de faire mémoire des temps heureux, de transposer dans le présent les moments de grâce que l’on a vécus, le passé de la conscience enjolive. »
« Partir et arriver. La sérénité est faite à la foi de cette finalité qui motive l’homme à tendre vers un but et de cette stabilité qui donne de pouvoir se retrouver en lieu et place de soi-même. On atteint cette sérénité quand on parvient à équilibrer cette double aspiration de l’homme toujours en quête de quelque chose et cependant heureux d’être arrivé. »
« La gratuité est une valeur rare. Valeur évangélique par excellence, essentielle à la vie parce que essentielle à l’amour. Sans la gratuité comment connaître la joie de donner sans compter, de pardonner ? »
« Croire en Dieu, à mes yeux, est ce qui dans la vie d’un homme exige l’acte le plus gratuit qui soit. »
Conclusion
En toute sérénité
Sereinement
Laisse
Laisse l'Invisible imprimer en ton côté le plus vulnérable
Les traces de sa présence
Creuse
Creuse dans la glaise enfouie de tes soucis
Le puits où sommeille la source
Éveille ton âme au chant des ondes
Comme si elles devaient devenir sillage dans la mer
Alors sans même que tu le saches
En toi la sérénité sera au large
Silencieusement
Laisse
Laisse la rosée venir
A la frontière de ta nuit
Écoute
Écoute sans interrompre
Celui qui en ton abîme est l'écho de ton cri
Alors sans même que tu le saches
A travers toi la sérénité rayonnera
Adorablement.
Laisse
Laisse faire en toi le travail du vide
De ce vide où Dieu repose,
Fidèle à la promesse du Septième jour,
Jaillira la fontaine d'eau vive
Alors sans même que tu le saches
L'Esprit avec toi renouvellera la face de la terre
Et ce sera à tout jamais .
LA SÉRÉNITÉ.