18 Juillet 2010
« Souvent, au coucher du soleil, des torrents de feu se répandaient dans le ciel; peu à peu ils s'éteignaient et une cendre rouge pleuvait sur la verdure veloutée du jardin. Puis tout s'assombrissait rapidement, s'élargissait, se gonflait, noyé par la nuit chaude. Rassasiées de soleil, les feuilles s'abaissaient, les herbes s'inclinaient vers la terre. Tout devenait plus doux, plus somptueux ; mille parfums s'exhalaient doucement, caressant comme de la musique; des sons flottaient venus de la campagne lointaine : on sonnait la retraite dans les camps. La nuit tombait et, avec elle, quelque chose de fort, de rafraîchissant comme la tendre caresse d'une mère, se déversait dans la poitrine; le silence vous effleurait le cœur de sa main chaude et Veloutée et tous les mauvais souvenirs, toute la poussière brûlante et fine de la journée s'effaçaient de la mémoire.»
Homme du matin autant que du soir, comment ne dirais-je pas cette respiration, au réveil du jour, du silence où le merle semble puiser les perles liquides qui roulent de sa gorge dans l'air vierge qui a germé sous le voile de la nuit ? Et aussitôt les moineaux commencent à tisser avec leurs petits becs cette tapisserie pépiant où ma prière s'adosse pour écouter la Voix à nulle autre pareille qui dit tout sans paroles
Ils ne savent tout ce qu'ils perdent ceux qui ne savent pas écouter le silence ponctué par tous chants de la vie qui s'éveille en répandant sur nous la rosée de sa joie.
(Maurice Zundel extrait de Hymne à la joie)