30 Mai 2017
Éloge du silence
Loué sois-tu silence qui entoures la pensée
Le mot ne vient qu’après. Mais entre lui et la pensée
Qu’il exprime, il y a cette bande suave de silence
Comme un jardin entre la maison et la haie-vive.
C’est ainsi que le nageur avant de plonger dans l’eau
Emplit ses poumons et retient son souffle
C’est ainsi que l’idée - qui était temps - devient parole - qui est espace
C’est ainsi qu’entre poème et vers se situe le blanc.
Et peut-être qu’autour de la vie même il y a ce silence
Qui la sépare et l’unit à la mort : cette bouche d’air
Entre le corps et le vêtement.
Car si la vie
Est la pensée, la mort est le contour qui l’exprime.
Mais si l’oreille entend le mot sans rien savoir
De la muette musique enfermée en ses murs
De la mort chacun sait le glorieux silence
Sans deviner la forme où celui-ci est clos.
Ilarie Voronca
Extrait du livre : « Les voix du poème »