22 Mars 2012
La visite
La visite apaisante invente en toi des demeures où tu peux circuler en toute liberté. Ta pauvreté intérieure est la porte où la visite t'enrichit à même tes réserves. Ton contenu est infini quand la visite y loge. Elle te dépossède en te laissant être toi-même. Ta densité réside dans l'attente de cette visite, que ton être ne peut contenir
totalement. Le vide t'enfonce dans l'abondance d'une espérance qui ne déçoit pas. Son poids t'installe dans l'attente et te transfigure par le simple souffle de sa présence. Tu es partout chez toi. Tu n'appartiens qu'à l'Autre. Toute la place est en sa possession. Tu te perds en lui, qui te devance sans cesse.
Tu ne peux pas aimer vraiment sans l'Autre qui épouse ta fragilité. Il triomphe quand il aime à travers toi. Tu es alors visite pacifiant pour les autres. Le banquet de l'amour est offert à ceux qui accueillent la possible visite. Les portes de la liberté s'ouvrent sur l'Autre. En Lui, la victoire est la tienne.
(Jacques Gauthier, « Les mots de l'Autre. »)