25 Septembre 2017
Les voix
N’y aurait-il alors que cette voix profonde
perçue jadis dans la forêt d’enfance
et le jardin d’amour et la rivière
et la seule maison vive dans la mémoire
où les femmes tissaient les mots de la légende
voix venue de temps immémoriaux,
passant de bouche en bouche
et qui, dans le brouillard, nommait les dieux,
car tout alors baignait dans l’absolue beauté
de leur présence.
Et ils couraient dans les moissons,
mangeaient le pain,
dormaient sur notre paille,
tendres et familiers.
C’est en musique désormais que leurs voix
et la voix des femmes se prolongent
et s’efforcent vers nous,
vers l’espérance de nos cœurs.
Et c’est alors qu’il faut saisir,
aimer, bercer cette parole
dans la naissance du poème.
Jean Joubert
Extrait du livre : « Les voix du poème »
Martinique aout 2017