• « Vivre Dieu »

    Extrait du livre « Vivre Dieu »

    De Maurice Zundel

     

    Résumé : Cet ouvrage propose de redécouvrir autrement le trésor de la foi chrétienne. Il s’adresse à ceux qui sont en quête de sens comme aux chrétiens confirmés. L’enseignement de Maurice Zundel, à son époque inédit et dérangeant, insiste avant tout sur la réalité de la Présence de Dieu intérieure à l’homme. Il nous prépare à cette rencontre d’une manière toute particulière, à la fois réaliste et spirituelle, ouverte sur le monde et déployant la richesse de l’Evangile.

    Vivre Dieu est un concentré thématique et pédagogique de l’œuvre de Maurice Zundel, déjà publié ou inédite. De l’interrogation sur l’homme au mystère de Dieu, il n’élude pas les sujets difficiles comme la réalité de la souffrance et du mal. Un panorama singulier de la foi chrétienne dressé de façon concise, claire et concrète. Le lecteur est ainsi introduit dans la profondeur et l’ampleur d’une pensée qui comprend la complexité de notre époque tout en la ramenant à l’essentiel.

    La spiritualité de Maurice Zundel connaît aujourd’hui un immense retentissement et se répand bien au-delà du monde chrétien, dépassant les clivages entre les différentes traditions.

     

    « Dieu est un secret qui ne s’entend que dans le silence du moi. Dieu  et l’homme se joignent dans l’ineffable où la personne a son mystère. Cet ineffable est le seul témoignage efficace, le seul qui ne fasse pas de Dieu une idole conforme à notre biologie qui n’en est que la projection. »

     

    « Dieu s’expérimente. Dieu se rencontre l’orque l’on s’oublie soi-même. Non dans le déni de soi, mais dans l’élan. L’élan nous projette dans une contemplation, dans une « attention à », et s’accomplit parfaitement dans la générosité. L’élan brise notre naturel narcissique et devient le fil mystérieux qui nous relie à l’autre, comme à nous-mêmes. »

     

    « Dieu ne se démontre pas, il est la vie et dès qu’un homme est attentif à sa propre vie, il se heurte à cette présence merveilleuse, invisible. Qu’importe le nom qu’on lui donne, c’est une Présence infinie qui le dépasse infiniment et qui est plus proche à lui-même que lui-même. »

     

    « Pressentir l’infini en l’homme est la condition et le point de départ de l’aventure spirituelle. »

     

    « L’émerveillement est l’expérience spirituelle par excellence. »

     

    « Nous ne nous connaissons nous-mêmes, nous ne nous voyons nous-mêmes que lorsque nous cessons de nous regarder. »

     

    « La connaissance  de soi est toujours une connaissance dans l’autre et pour l’autre selon que ce que Rimbaud avait déjà deviné lorsqu’il disait : « Je est un autre »

     

    « Dieu ne se définit pas, Dieu s’expérimente quand nous décollons de nous-mêmes. Dieu c’est quand on s’émerveille. »

     

    « C’est dans le silence qu’on naît à soi-même »

     

    « Si nous voulons atteindre notre dignité, il faut entrer dans le recueillement le plus intime de notre âme, il faut écouter, cesser de faire du bruit avec nous-mêmes. C’est à ce moment-là, quand nous touchons le fond de notre être, que nous sommes dans cette religion silencieuse où notre vie s’enracine en Dieu »

     

    « Le sacré, c’est ce qui en est en nous de plus profond, de plus authentique, de plus infini, de plus éternel, ce qui, en nous, est plus que nous, un espace illimité qui peut tout accueillir et peut devenir chez les autres un ferment de joie et de liberté. »

     

    « Il est clair que si nous sommes appelés à joindre le soleil intérieur qui est toujours déjà là, nous ne sommes pas moins vivement appelés, et de manière tout aussi urgente, à reconnaître dans les autres la présence de ce soleil divin et à les aider à le découvrir. » 

     

    « Pour rencontrer ces régions les plus secrètes du cœur humain il faut autre chose que des paroles, il faut le don de soi, il faut le silence agenouillé, il faut le sourire de la tendresse divine qui est la caution du cœur infiniment maternel de Dieu. »

     

    « Laissons-nous le temps de respirer, de découvrir et de deviner. Et quand nous sommes nous-mêmes raidis par la souffrance, raidie par la fatigue et la douleur, quand nous sommes en pleine révolte, Dieu nous attend, le vrai Dieu qui va nous expliquer à nous-mêmes notre révolte, qui va la faire aboutir à une nouvelle découverte de lui et de nous, dans un champ nouvellement conquis de notre pensée et de notre cœur. »

     

    « Le regard de la foi n’est pas autre chose que le regard du cœur, de l’amour. »

     

    « Celui que se nourrit de silence finit par savoir à quelles profondeurs on peut écouter. »

    « Notre sensibilité est un être vivant, un être de devenir, un être doué de ressources magnifiques, un être qui grouille d’énergies créatrices. Il s’agit simplement d’ordonner, d’ouvrir, d’apaiser. On ne peut apaiser cet instrument magnifique qu’en le comprenant et en le combattant. »

     

    « En l’absence d’un fondement divin, la morale perd son caractère absolu. Toutes les morales, toutes les religions sont superflues si nous ne commençons pas par nous mettre nous-mêmes en question. »

     

    « L’humain ne se relève que dans la gratuité de nos actes. »

     

    « Tous les handicaps, les obstacles, les murs de séparation, toutes les guerres, les  haines, proviennent de ce moi possessif, individuel ou collectif qui s’adore lui-même. Qui se prétend à la source de tout bien regardant toujours l’autre comme source de tout mal. »

     

    « Il faut aimer, car de tous les maux, le plus terrible, c’est le manque d’amour. Il n’est pas de blessures plus profondes que dans une solitude où il n’y a pas d’amour. »

     

    « Dieu qui ne se répète jamais, a confié à chaque âme un rayon de son esprit et de son cœur et c’est dans cette communion de son cœur qu’il veut établir un lien unique. Il faut que chacun de nous éprouve ce lien unique avec son Dieu, qui est le cri de son âme vers lui. La prière est le cri de l’amour qui répond à l’amour. 

    C’est en lui-même que l’homme doit réaliser son plus beau chef-d’œuvre : en ouvrant tout son être à l’infini qui l’appelle, en livrant son cœur à Dieu qui veut y modeler sa vie. »

     

    « Le meilleur moyen d’acheminer ceux qui nous entourent vers la grandeur qui est dans le don de soi, c’est d’apporter dans le milieu où nous vivons le sourire, le sourire de la bonté divine. C’est cela qui sauve l’homme du désespoir, quand il ne se trouve plus devant un mur, quand il rencontre enfin un visage, quand il y a quelqu’un, quand il y a un cœur, quand il y a une amitié, quand le vent souffle d’une sympathie compréhensive, alors il commence à comprendre qu’il n’est pas seulement une chose au milieu du monde, mais qu’il y a en lui une possibilité créatrice et qu’il est appelé à une autre aventure infinie. »

     

    « Chacun de nous est différent, chacun de nous est irremplaçable et unique, Dieu ne se répète jamais en créant une âme. Il donne à cette âme, il lui confie un rayon de lui-même. Il l’appelle à exprimer Sa beauté dans son langage à elle qui est unique, afin que toutes les âmes ensemble constituent une immense symphonie où la beauté de Dieu ne cesse jamais d’être chantée. »

     

    « Il ne faut pas se croire lié à des formules toutes faites et penser qu’il est indispensable, pour prier, de dire quoi que ce soit. L’essentiel est de se recueillir. L’essentiel est d’écouter. L’essentiel est de s’émerveiller.

    Si nous exerçons du matin au soir cette attention d’amour, il n’y a pas besoin de nous demander compte d’autre chose. »

     

    « Le Dieu Trinité qui se révèle en Jésus, le Dieu Trinité qui agonise, le Dieu Trinité qui meurt, sur la croix, c’est au contraire un Dieu engagé jusqu’à la mort dans la Création. C’est un Dieu qui ne peut pas sauver ses droits contre l’homme parce que son univers n’est pas un univers de liberté et d’amour. »

     

    « Dieu n’est pas le fabricateur de l’univers, il est celui qui nous en fait cadeau, attendant de nous cette réponse, car Dieu ne peut rien faire sans nous ; « Je vous appelle plus mes serviteurs, je vous appelle mes amis. »

     

    « Le rapport à Dieu est un rapport totalement personnel puisqu’il suppose une adhésion de tout nous-mêmes à la personne de Jésus Il nous engage chacun, individuellement, non pas dans un rapport de soumission, mais dans une transparence à « ce qu’il y a en moi de plus grand que moi »

     

    « Dieu est tout amour, il n’est qu’amour ! Il ne nous touche que par sa tendresse, il ne veut pas nous soumettre, il n’est pas un maître, il n’est pas un dictateur, il n’est pas un despote, il n’est pas souverain ! Il est l’amour que nous ne pouvons atteindre que par notre amour, dans cette réciprocité qui constitue le sens de nos rapports avec lui. Dieu n’a pas le goût de la mendicité ! Il ne veut pas nous voir anéantis devant lui ! Il veut nous communiquer sa dignité, sa liberté ! Il veut faire de chacun de nous ce qu’il est : un amour universel, un accueil à toute réalité, un bien pour tout l’univers. »

     

    « Le Père n’est qu’un regard vers le Fils, le Fils n’est qu’un regard vers le Père et l’Esprit Saint n’est qu’une respiration d’amour vers le Père et le Fils. »

     

    « Le Dieu trinitaire est un Dieu inconnu, un Dieu dont nous n’avons pas l’habitude, un Dieu que les chrétiens dans l’ensemble ne connaissent pas. »

     

    « La Trinité veut dire : la divinité n’est à personne parce que la divinité c’est le jaillissement éternel de la lumière et de l’amour du Père dans le Fils, du Fils dans le Père, et du Père et du Fils dans le Saint Esprit. »

     

    « Pour que l’amour soit charité, pour que l’amour soit gratuité, pour que l’amour soit source et origine, pour que l’amour soit espace et liberté, il faut qu’il aille vers un autre. Et c’est cela la Trinité : il y a en Dieu l’Autre

     

    « Tout ce que Dieu attend de nous, c’est notre présence, notre consentement, notre amour. Et du matin au soir et du soir au matin, dans chaque geste, dans chaque action, dans chaque battement de notre cœur, nous pouvons renouveler ce don, confirmer ce consentement, approfondir cette communion. »

     

    « La grandeur de Dieu est une grandeur d’amour. Ce n’est pas une puissance capable de tout écraser, c’est une générosité qui ne peut se donner. »

     

    « La vie est faite de détails, et c’est le souci de composer au jour le jour, d’établir dans notre milieu une atmosphère de paix, de concorde, de bienveillance, de gentillesse, de courtoisie qui sera l’accomplissement le plus fécond de notre naissance. »

     

    « Dieu ne peut que s’offrir, mais jamais il ne peut nous contraindre, c’est pourquoi il a l’air si souvent absent, absent parce que nous le sommes. Ce n’est jamais Dieu qui se refuse, c’est toujours l’homme : la maison dont les volets sont clos en plein jour est encore dans la nuit. Et ce n’est pas la faute du soleil. »

     

    « C’est toujours vers Jésus Christ qu’il faudra se tourner pour obtenir la vraie vision du visage de Dieu, mais pour rencontrer cette révélation suprême, il faut se rendre présent à Jésus Christ. »

     

    « Dieu n’est pas un pouvoir qui domine mais un amour qui se donne. Toutes les tendresses du monde ne peuvent rien contre un cœur fermé ; Toutes les tendresses du monde peuvent transfigurer une vie qui s’ouvre. Mais si elle se refuse, l’amour est impuissant. »

     

    « Dieu n’a pas créé le monde pour le rendre esclave. Il a voulu en face de lui des êtres libres, appelés à communier à sa vie par le consentement qu’ils donneraient au règne d’amour qu’il avait choisi d’établir en eux. Dieu ne peut régner en nous sans nous car Dieu est amour, et l’amour ne peut être reçu que par l’amour. La vie n’a d’autre objet que de faire mûrir le consentement qui consommera notre union avec Dieu. »

     

    « La vraie grandeur est précisément de faire de soi-même une valeur, une valeur intérieure, une valeur où l’on se transfigure, où l’on devienne un bien commun, un bien universel, où l’on puisse ouvrir à toute création un espace nouveau et où l’on puisse devenir pour les autres un ferment de générations. »

     

    « L’Eglise n’est que l’image de l’Eglise que nous avons à devenir. Bien plus, le ciel tout entier est là, au-dedans de nous ; aller au ciel, c’est retrouver dans son cœur cette présence de Dieu qui nous attend. »

     

    « Il est impossible de propager l’amour en le proclamant. L’amour ne se propage que par celui qui s’en laisse consumer.

    Il est impossible de garder Dieu pour nous. Il est impossible que la lumière qu’il nous communique s’arrête à nous : nous sommes à la messe simplement pour nous charger de Dieu afin de le donner aux autres. Nous n’avons pas à parler de Dieu c’est inutile, mais nous avons à le laisser transparaître de manière que les autres le respirent à travers nous, qu’ils devinent à travers nous le Christ dans sa bonté, sa sympathie, sa sincérité, le rayonnement de toute sa conduite. »

     


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