• Vivre à quoi ça sert ? de Soeur Emmanuelle

     

    Vivre à quoi ça sert ?  de Soeur Emmanuelle

    Extrait du livre : « Vivre à quoi ça sert ? » De Sœur Emmanuelle      

     
     
    Loin d'entrer dans un chemin de pensée, nous sommes aujourd'hui fascinés par la raison, au point de ne pouvoir nous libérer de la ratiocination qui n'ouvre aucun horizon. Tout est sujet à discussions sans fin, tout est sans cesse remis en question, toutes les valeurs. Comme l'arbre cache la forêt, des détails, des broutilles, des événements singuliers sont tellement mis en relief que le reste de l'univers n'apparaît plus, ni aucune vision d'ensemble qui donne à chaque chose sa place dans un tout unifié. Nous sommes ballottés d'une question à l'autre.
     
     
    Nous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous et en notre propre être : nous voulons vivre dans l'idée des autres d'une vie imaginaire et nous nous efforçons pour cela de paraître. Nous travaillons incessamment à embellir et conserver notre être imaginaire et négligeons le véritable (Pascal)
     
    L’homme cherche un complément d’être devant l’expérience du vide, de ce vide pourtant irréductible. Comment le combler ? La solution immédiate qui se présente est une recherche éperdue hors de soi.
    Les Sollicitations extérieures sont aujourd’hui légion. Au cœur de nos appartements : radio, télévision, ordinateur. Dans le garage : véhicules prêts à nous emporter. Dans la ville : rues brillamment éclairées jour et nuit, vitrines et affiches publicitaires alléchantes, offres dites gratuites de voyages ou d'équipements merveilleux que l'on passe sa vie à rembourser. Tout est appât dévorateur de nos forces physiques, financières, psychiques.
    Or, c’est précisément dans le seul lieu de l’intériorité, dans la contemplation d’étoiles qui ne sont pas filantes que se construit la personnalité.
     
    Cette tentative de combler le vide intérieur par la vanité de l’extérieur, elle est en nous tous. Nous n’en sortirons jamais complètement ici-bas. Mon tempérament de jouisseuse m’a apporté, ô combiens à comprendre tous ceux qui, reconnaissant leur faiblesse, ne sont pas arrivés à la surmonter : avoir profondément senti sa propre misère amène à compatir à celle des autres.
     
     
    Dieu n’est pas le produit des fabrications humaines. Il ne se dévoile pas au terme des investigations de l’homme, comme un astre étincelant au bout d’un télescope ou une découverte scientifique au bout d’un processus expérimental.
     
    Dieu est absent de ce monde qui tourne mal, de ce monde violent et injuste. Et pourtant, il y a bien une présence de Dieu dans le monde, mais ce n’est pas sous le mode de l’intervention. Cette présence est au cœur de l’homme, de sa conscience et de sa volonté, de son inconscient et de son âme, pour le porter vers le bien, qu’il le sache ou non. Dieu a confié le monde à la responsabilité de l’homme, créé à son image et à sa ressemblance. Aussi Dieu n’agit dans le monde que dans et par l’homme. Pour autant, nous ne sommes pas des robots. Nous sommes libres, ou plutôt nous possédons des germes de liberté. Que Dieu soit un Dieu caché est la condition même de notre liberté : si un Dieu s’imposait à nous, qu’en serait-il de notre libre arbitre ? Il n’y aurait même plus besoin de croire, puisque Dieu serait évident. La foi et un acte libre.
     
    C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi : Dieu sensible au cœur, non à la raison.
     
    Le cœur est le centre de l’être humain, l’union de la chair et de la raison, de la sensibilité et de la volonté. C’est le moteur de l’agir, tout ce qui fait la personne humaine au plus intime, un être unique tissé d’une entrelace complexe
     
     
    L'amour est mystère : il n'est ni ici ni là. Il est mystère parce qu'il est «mouvement». Et il est mouvement parce qu'il est relation. La relation, cela ne se laisse pas saisir, ni maîtriser ni posséder. La relation, elle ne tient ni à toi ni à moi, mais au mystère entre nous. Elle est la réciprocité du mouvement de chacun de soi vers l'autre.
     
    Aimer, c'est apprendre à écouter la différence de l'autre. L'amour est une écoute qui retentit en soi. Alors s'ouvre la réception du don de l'autre, de sa manière autre d'aimer. Nous serons toujours différents, mais quand tu sais écouter l'autre différent de toi, tu fais entrer en toi une vision qui n'est pas tienne. L'autre, tu ne le changes pas, mais ta vision, oui, tu peux la changer. Qu'est-ce que l'autre sent, attend, et que je eux lui donner? L'amour, c'est ce complément d'être que je donne, mais tel que l'autre le désire, et non pas tel que je l'imagine. L’amour, c'est ce complément d'être que, réciproquement, l'autre me donne, mais à sa façon. Ceux qui s'aiment sont dans le mystère d'une relation vécue différemment, dans la différence.
     
    Dans la mesure où, en effet, je reste collée à mon nombril, l'autre se pose devant moi comme un étranger, un métèque, un rastaquouère. Son identité différente devient un danger. Il s'agit alors de l'éloigner, de l'éliminer, même. S'il est plusieurs façons de tuer l'autre,  toutes se résument à nier son identité. En revanche, dans la mesure où je suis capable de reconnaître que ma vie prend sa valeur de la relation avec l'autre différent, mon être rabougri, ratatiné, prend une soudaine envergure.
     
    Le domaine de la science et de la religion, sont rigoureusement séparés et ne peuvent empiéter l’un sur l’autre. La religion n’a pas à juger ou condamner la science, et la science n’a pas à juger ou condamner la religion.
     
    Seul l’amour permet, avec notre grandeur et notre misère, de demeurer dans la joie.
     
    Le champ de l'amour, s'il est infini, dépend de chaque personne, de sa capacité d'ouverture, de ses décisions. Chacun a une vocation d'amour particulière. L'amour n'est pas uniforme, chacun l'incarne à sa manière, dans les conditions déterminées de sa vie personnelle. Ainsi, la vie n'est pas un sens unique, général et valable pour tout le monde. Il n'y a pas de recette. L'amour est un pari personnel. L'amour est multiforme. L'amour est le fruit véritable de notre liberté.
     
    Toutes nos misères ne sont rien au regard de la valeur authentique de nos existences : le mystère de l’amour.

    Vivre à quoi ça sert ?  de Soeur Emmanuelle


  • Commentaires

    1
    renal Profil de renal
    Mardi 25 Septembre 2012 à 15:48
    Contente Lisa que tu apprécie Soeur Emmanuelle. Merci de ta visite
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