• Poèmes extraits de 200 récitations de notre enfance

    3 pages de poèmes

  • Paysage

     

    Pas une feuille qui bouge,

    Pas un seul oiseau chantant,

    Au bord de l’horizon rouge

    Un éclair intermittent ;

     

    D’un côté rares broussailles,

    Sillons à demi noyés,

    Pans grisâtres de murailles,

    Saules noueux et ployés ;

     

    De l’autre, un champ que termine

    Un large fossé plein d’eau,

    Une vieille qui chemine

    Avec un pesant fardeau,

     

    Et puis la route qui plonge

    Dans le flanc des coteaux bleus,

    Et comme un ruban s’allonge

    En minces plis onduleux.

     

    Théophile Gautier

     

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  •   

    Nuit de neige

    La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.

    Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.

    Mais on entend parfois, comme une morne plainte, Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.

     

    Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes. L'hiver s'est abattu sur toute floraison.

    Des arbres dépouillés dressent à l'horizon

    Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

     

    La lune est large et pâle et semble se hâter.

    On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.

    De son morne regard elle parcourt la terre,

    Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.

     

    Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde,

    Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant ;

    Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,

    Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

     

    Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !

    Un vent glacé frissonne et court par les allées.

    Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,

    Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

    Dans les grands arbres nus que couvre le verglas

    Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;

    De leur œil inquiet ils regardent la neige,

    Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.

     

    Guy de Maupassant (extrait de100 récitations de notre enfance) 

     

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    Le Tremblay/Mauldre( photo Renal)

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  • Marine

     

    L'Océan sonore

    Palpite sous l'œil

    De la lune en deuil

    Et palpite encore,

     

    Tandis qu'un éclair

    Brutal et sinistre

    Fend le ciel de bistre

    D'un long zigzag clair,

     

    Et que chaque lame,

    En bonds convulsifs,

    Le long des récifs

    Va, vient, luit et clame,

     

    Et qu'au firmament,

    Où l'ouragan erre,

    Rugit le tonnerre

    Formidablement.

     

    Paul Verlaine,

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  • La fenêtre de la maison Paternelle 

     

    Autour du toit qui nous vit naître

    Un pampre étalait ses rameaux,

    Ses grains dorés, vers la fenêtre,

    Attiraient les petits oiseaux.

     

    Ma mère, étendant sa main blanche,

    Rapprochait les grappes de miel,

    Et ses enfants suçaient la branche,

    Qu'ils rendaient aux oiseaux du ciel.

     

    L'oiseau n'est plus, la mère est morte ;

    Le vieux cep languit jaunissant,

    L'herbe d'hiver croît sur la porte,

    Et moi, je pleure en y pensant.

     

    C'est pourquoi la vigne enlacée

    Aux mémoires de mon berceau,

    Porte à mon âme une pensée,

    Et doit ramper sur mon tombeau.

     

    Alphonse de Lamartine, (1790-1869) 


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  • Chanson de la seine 

     

    La Seine a de la chance 

    Elle n'a pas de souci 

    Elle se la coule douce 

    Le jour comme la nuit 

    Et elle sort de sa source 

    Tout doucement, sans bruit, sans sortir de son lit 

    Et sans se faire de mousse 

    Elle s'en va vers la mer 

    En passant par Paris. 

    La Seine a de la chance 

    Elle n'a pas de souci 

    Et quand elle se promène 

    Tout au long de ses quais 

    Avec sa belle robe verte 

    et ses lumières dorées 

    Notre-Dame jalouse, immobile et sévère 

    De haut de toutes ses pierres 

    La regarde de travers 

    Mais la Seine s'en balance 

    Elle n'a pas de souci 

    Elle se la coule douce 

    Le jour comme la nuit 

    Et s'en va vers le Havre, et s'en va vers la mer 

    En passant comme un rêve 

    Au milieu des mystères 

    Des misères de Paris. 

     

     

    Jaques Prévert, (1900-1977) 


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  • Aube 

     

    Un invisible oiseau dans l'air pur a chanté.  

    Le ciel d'aube est d'un bleu suave et velouté. 

     

     

    C'est le premier oiseau qui s'éveille et qui chante.  

    Écoute ! Les jardins sont frémissants d'attente. 

     

    Écoute ! Un autre nid s'éveille, un autre nid,  

    Et c'est un pépiement éperdu qui jaillit. 

     

     

    Qui chante le premier ? Nul ne le sait. C'est l'aurore.  

    Comme un abricot mûr le ciel pâli se dore. 

     

     

    Qui chante le premier ? Qu'importe ?  

    On a chanté. Et c'est un beau matin de l'immortel été. 

     

     

    Cécile Vérin, (1877-1959) 

     


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  • Chanson dans le vent

      

    C'est l'oiseau qui vole bas, c'est l'hirondelle bleu noir.  

    C'est l'amour que je n'ai pas, c'est mon cœur au désespoir. 

     

    C'est comme à la fin des jours, c'est mon chagrin d'hier soir. C'est la fin de tout amour, c'est mon cœur au désespoir. 

     

    C'est l'hirondelle bleu noir, c'est l'oiseau qui vole bas. C'est mon cœur au désespoir, c'est l'amour que je n'ai pas. 

     

     

    Paul Fort, (1872-1960) 


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  • Nuit d’hiver 

     

    Comme il fait bon dormir  

    Quand le vent sous la porte  

    Éveille d'anciens loups  

    Et de leur âme morte  

    Fait un long souvenir  

    Qui se glisse vers nous ! 

     

     

    Dans la chambre où la peur  

    Touche à peine le cœur  

    D'un heureux tremblement,  

    Tout près de ses parents,  

    Ah! Qu’il fait bon dormir ! 

     

     

    Pierre Menanteau, (1895-1992) 


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  •  
     

    Les étrennes des orphelins 

     

    Ah ! Quel beau matin, que ce matin des étrennes ! 

    Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes 

    Dans quelque songe étrange où l'on voyait joujoux, 

    Bonbons habillés d'or, étincelants bijoux, 

    Tourbillonner, danser une danse sonore, 

    Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore ! 

    On s'éveillait matin, on se levait joyeux, 

    La lèvre affriandée, en se frottant les yeux... 

    On allait, les cheveux emmêlés sur la tête, 

    Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête, 

    Et les petits pieds nus effleurant le plancher, 

    Aux portes des parents tout doucement toucher... 

    On entrait !... Puis alors les souhaits... en chemise, 

    Les baisers répétés, et la gaîté permise ! 

     

    Arthur Rimbaud, (1854-1891) 


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  • La neige au village 

      

    Lente et calme, en grand silence,  

    Elle descend, se balance  

    Et flotte confusément,  

    Se balance dans le vide,  

    Voilant sur le ciel livide  

    L'église au clocher dormant. 

    Pas un soupir, pas un souffle,  

    Tout s'étouffe et s'emmitoufle  

    De silence recouvert...  

    C'est la paix froide et profonde  

    Qui se répand sur le monde,  

    La grande paix de l'hiver. 

     

     

    (Francis Yard, (1876-1947) 


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