• La nuit s’en va

     

    La nuit s'en va. Parmi les étoiles qui meurent

    Souvent ma rêverie errante fait un choix.

    Je travaille debout, regardant à la fois

    Éclore en moi l'idée et là-haut l'aube naître.

    Je pose l'écritoire au bord de la fenêtre

    Que voile et qu'assombrit, comme un antre de loups.

    Une ample vigne vierge accrochée à cent clous,

    Et j'écris au milieu des branches entrouvertes,

    Essuyant par instants ma plume aux feuilles vertes.

     

    Victor Hugo

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  • La barricade

     

    Sur une barricade, au milieu des pavés

    Souillés d’un sang coupable et d’un sang pur lavés,

    Un enfant de douze ans est pris avec des hommes.

    « Es-tu de ceux là, toi ? » L’enfant dit : « Nous en sommes. 

    C’est bon, dit l’officier, on va te fusiller.

    Attend ton tour. » L’enfant voit des éclairs briller,

    Et tous ses compagnons tomber sous la muraille.

    Il dit à l’officier : « Permettez-vous que j’aille

    Rapporter cette montre à ma mère chez nous ?

    Tu veux t’enfuir ? Je vais revenir. Ces voyous

    Ont peur ! Où loges-tu ? Là près de la fontaine.

    Et je vais revenir, monsieur le Capitaine.

    Va-t’en, drôle ! » L’enfant s’en va. Piège grossier !

    Et les soldats riaient avec leurs officiers.

    Et les mourants mêlaient à ce rire leur râle ;

    Mais ce rire cessa, car soudain l’enfant pâle,

    Brusquement reparu, fier comme Viala,

    Vint s’adosser au mur et leur dit : « Me voilà »

     

    La mort stupide eut honte, et l’officier fit grâce.

     

    Victor Hugo

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  • Le_silence_du_soir

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  • Le_po_te

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  • Printemps
     
    Merci à Nature et poésie http://nature-et-poesie.fr

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  • dscn1962

    J’eus toujours de l’amour

     

    J'eus toujours de l'amour pour les choses ailées.

    Lorsque j'étais enfant, j'allais sous les feuillées,

    J'y prenais dans les nids de tout petits oiseaux.

    D'abord je leur faisais des cages de roseaux

    Où je les élevais parmi les mousses vertes.

    Plus tard, je leur laissais les fenêtres ouvertes,

    Ils ne s'envolaient point; ou, s'ils fuyaient aux bois,

    Quand je les rappelais ils venaient à ma voix.

    Une colombe et moi longtemps nous nous aimâmes.

    Maintenant je sais l'art d'apprivoiser les âmes.

     

    (Victor Hugo Les Rayons et les ombres)


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  • Les enfants

     

    Les quatre enfants joyeux me tirent par la manche,

    Dérangent mes papiers, font rage; c'est dimanche;

    Ils s'inquiètent peu si je travaille ou non;

    Ils vont criant, sautant, m'appelant par mon nom;

    Ils m'ont caché ma plume et je ne puis écrire;

    Et bruyamment, avec de grands éclats de rire,

    Se dressant par-dessus le dos du canapé,

    Chacun vient à son tour m'apparaître, drapé

    Dans un burnous arabe aux bandes éclatantes.

     

    Victor Hugo (dernière gerbe)

     

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  • Aux Champs

     

    Je me penche attendri sur les bois et les eaux,

    Rêveur, grand père aussi des fleurs et des oiseaux ;

    J’ai la pitié sacrée et profonde des choses ;

    J’empêche les enfants de maltraiter les roses ;

    Je dis : N’effarez point la plante et l’animal ;

    Riez sans faire peur, jouez sans faire mal.

      

    (Victor Hugo, extrait de Grand-père 1877)

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    Photo Renal

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  • Jeanne était au pain sec…

     

    Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir,

    Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir,

    J'allai voir la proscrite en pleine forfaiture,

    Et lui glissai dans l'ombre un pot de confiture

    Contraire aux lois. Tous ceux sur qui, dans ma cité,

    Repose le salut de la société,

    S'indignèrent, et Jeanne a dit d'une voix douce:

    -Je ne toucherai plus mon nez avec mon pouce;

    Je ne me ferai plus griffer par le minet.

    Mais on s'est récrié: - Cette enfant vous connaît;

    Elle sait à quel point vous êtes faible et lâche.

    Elle vous voit toujours rire quand on se fâche.

    Pas de gouvernement possible. À chaque instant

    L'ordre est troublé par vous ; le pouvoir se détend ;

     

    Plus de règle. L'enfant n'a plus rien qui l'arrête. Vous démolissez tout. - Et j'ai baissé la tête, Et j'ai dit: -Je n'ai rien à répondre à cela, J'ai tort. Oui, c'est avec ces indulgences-là Qu'on a toujours conduit les peuples à leur perte. Qu'on me mette au pain sec. -Vous le méritez, certes, On vous y mettra. -Jeanne alors, dans son coin noir, M'a dit tout bas, levant ses yeux si beaux à voir, Pleins de l'autorité des douces créatures : - Eh bien, moi, je t'irai porter des confitures.

     

    Victor Hugo (L’art d’être Grand Père)

    (Extrait du livre « Les enfants en poésie »)

    Poemes de victor hugo : Jeanne était au pain sec....


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  •   

    La vie aux Champs

     

    C’est qu’ils savent que j’ai leurs goûts ; ils se souviennent

    Que j’aime comme eux l’air, les fleurs, les papillons,

    Et les bêtes qu’on voit courir dans les sillons.

    Ils savent que je suis un homme qui les aime,

    Un être auprès duquel on peut jouer, et même

    Crier, faire du bruit, parler à haute voix ;

    Que je riais comme eux et plus qu’eux autrefois,

    Et qu’aujourd’hui, sitôt qu’à leurs ébats j’assiste,

    Je leur souris encor, bien que je sois plus triste.

    Ils disent, doux amis, que je ne sais jamais

    Me fâcher ; qu’on s’amuse avec moi ; que je fais

    Des choses en cartons, des dessins à la plume ;

    Que je raconte, à l’heure où la lampe s’allume,

    Oh ! des contes charmants qui vous font peur la nuit,

    Et qu’enfin je suis doux, pas fier et fort instruit.

    Ainsi, dès qu’on m’a vu : « Le voilà ! » tous accourent

    Ils quittent jeux, cerceaux et balles ; ils m’entourent

    Avec leurs beaux grands yeux d’enfants, sans peur, sans fiel,

    Qui semblent toujours bleus, tant on y voit le ciel !

     

    Victor Hugo, extrait de « Les enfants en poésie »

    chacra champs

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