• Poemes de Maurice Carême

    8 pages de poèmes

  • Noël

     

    L’étoile a mis 

    Le feu au buis, 

    Le feu aux boules 

    De gui qui roulent 

    Dans les vergers 

    Tout enneigés. 

     

    Le feu jaillit 

    Des toits en fête, 

    Et les bergers 

    Parmi les bêtes 

    Agenouillées 

    Chantent et prient. 

     

    Pomme dorée 

    Tombée du ciel 

    Dans un brasier 

    De joie nouvelle, 

    Jésus est né. 

    Noël ! Noël ! 

     

    Maurice Carême

    Crèche du Vieux Saint Ouen


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  • Il neige toujours

     

    Il a neigé toute la nuit,

    Il neige toujours dans le jour.

    Il fait pourtant doux comme si

    Un cygne immense avait ouvert

    Ses ailes sur le ciel noirci

    Pour nous protéger de l'hiver.

     

    Qu'il faudra encore du temps

    Cette année pour que le printemps

    Transforme-, en longs flocons de fleurs,

    Ces flocons sans joie, sans couleur

    Et pour que, ces cerisiers-là

    Rallument, au seuil du matin,

    Dans l’ombre-ardente

    Toutes leurs lampes à la fois.

     

    Maurice Carême

    Il neige toujours


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  • L'automne 

     

    L’automne, au coin du bois,

    Joue de l’harmonica.

     

    Quelle joie chez les feuilles !

     

    Elles valsent au bras

    Du vent qui les emporte.

     

    On dit qu’elles sont mortes,

    Mais personne n’y croit.

     

    L’automne, au coin du bois,

    Joue de l’harmonica.

     

    Maurice Carême (La Lanterne magique)

     

     

    Photo Renal


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  • Je le sais bien, Seigneur…

     

    Je le sais bien, Seigneur,

    Que vous êtes le cœur

    Qui fait battre mon cœur

    D’un si doux battement,

    Que vous êtes la peine

    Qui chante dans mes veines,

    Que vous êtes la joie

    Qui pleure au fond de moi.

     

    Mais n’êtes vous pas aussi

    Ce désir qui me brise

    D’être oiseau dans la brise

    Ou cerise qui luit,

    D’être ce qui jaillit

    De la terre en la source

    De la biche en sa course,

    De l’enfant dans son cri.

     

    N’êtes-vous cet appel

    Qui creuse un puits de ciel

    Où mes colombes noires

    Longuement viennent boire,

    Cette attente suprême

    De me quitter sans fin

    Et me perdre enfin

    Dans les êtres que j’aime.

     

    Maurice Carême (Á l’ami Carême)

     

    Je le sais bien, Seigneur…


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  • Pleins soleil

     

    Le soleil est aux bains, le soleil est aux plages.

    Qu’attendez-vous, terriens, à l’ombre de vos toits ?

     

    Les mouettes ne parlent plus que de voyages.

    Il est temps de laisser la bêche à son sol froid.

     

    Les maillots de couleur, sur le sable brûlant,

    Font des fleurs plus jolies que celles des avoines.

     

    Les femmes ont des corps de miel et de safran.

    Les enfants sont plus vifs que des airs de sardanes.

     

    Les parasols sont verts, les cabines sont bleues,

    Les coquillages blonds se constellent de feux,

    Des ânes vont trottant dans un bruit de sonnailles.

     

    Tout va, tout rit, tout vient, tout court, tout luit, tout bouge

    Et dressé sur le quai tel un coq sur la paille,

    Un drapeau, sans arrêt, jette son grand cri rouge.

     

    Maurice Carême ( Á l’ami Carême)


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  • L’écolière

     

    Mon Dieu ! Que de choses à faire !

    Enlève tes souliers crottés,

    Pends donc ton écharpe au vestiaire,

    Lave tes mains pour le goûter,

     

    Revois tes règles de grammaire.

    Ton problème, est-il résolu ?

    Et la carte de l’Angleterre,

    Dis, quand la dessineras-tu ?

     

    Aurais-je le temps de bercer

    Un tout petit peu ma poupée,

    De rêver, assise par terre,

    Devant mes châteaux de nuées ?

    Mon Dieu ! Que de choses à faire !

     

    Maurice Carême

    Extrait  de « Poèmes d’aujourd’hui pour les enfants de maintenant » 

    Photo https://pixabay.com/fr


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  • Le bouleau

     

    Chaque nuit, le bouleau

    Du fond de mon jardin

    Devient un long bateau

    Qui descend ou l’Escaut.

    Ou la Meuse ou le Rhin.

    Il court à l’Océan

    Qu’il traverse en jouant

    Avec les albatros,

    Salue Valparaiso,

     

    Crie bonjour à Tokyo

    Et sourit à Formose.

    Puis, dans le matin rose,

    Ayant longé le Pôle,

    Lentement redevient

    Bouleau de mon jardin.

     

    Maurice Carême

    Le bouleau


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  • On ne sait pas si ce sont les chaises …

     

    On ne sait pas si ce sont les chaises

    Avec leur bon visage de paille,

     

    Les mésanges qui se chamaillent

    Dans l’ombre fraîche de la haie.

     

    Ou la claire rangée de hêtres

    Qu’on voit d’ici par la fenêtre,

     

    Si ce sont les moutons familiers

    Qui broutent l’or du calendrier

     

    Ou le sourie de ma mère

    Qui coud, assise dans la lumière,

     

    Qui font ce bonheur simple et doux

    Comme une pomme sur la table

     

    Et cette paix si admirable

    Qu’on se jetterait à genoux.

     

    Maurice Carême (Á l’ami Carême)

     

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  •  

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    Il pleut

     

    Il pleut sur les longs toits de tuiles,

    Il pleut sur les fleurs du pommier,

    Il pleut une pluie si tranquille

    Qu’on entend les jardins chanter.

     

    Il pleut comme au temps de Virgile,

    Comme au temps de Berthe aux longs pieds,

    Il pleut sur les longs toits de tuiles,

    Il pleut sur les fleurs du pommier.

     

    Il pleut du bleu doux sur la ville

    Il pleut et, dans le ciel ouaté,

    Tous les colombiers sont mouillés.

    Les pigeons semblent, sur les tuiles

    Des bouquets de  fleurs de pommiers.

     

    Maurice Carême (Á l’ami Carême)

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  • Le cheval

     

    Et le cheval longea ma page.

    Il était seul, sans cavalier,

    Mais je venais de dessiner

    Une mer immense et sa plage.

     

    Comment aurais-je pu savoir

    D’où il venait, où il allait ?

    Il était grand, il était noir,

    Il ombrait ce que j’écrivais.

     

    J’aurai pourtant dû deviner

    Qu’il ne fallait pas l’appeler.

    Il tourna lentement la tête

     

    Et comme s’il n’avait eu peur

    Que je lise en son cœur de bête,

    Il redevient simple blancheur.

     

    Maurice Carême (Á l’ami Carême)

     

    p1020613

     


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