• Maurice careme
     
    Merci à Nature et Poésie

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  • DSCN1614
     

    Le bonheur est partout

     

    Une table en bois blanc,

    Une pomme et un couteau ;

    À travers le carreau,

    Un grand champ de froment.

     

    Tu te tournes à droite,

    Le bonheur est à droite ;

    Tu te tournes à gauche,

    Le bonheur est à gauche.

     

    Inutile, je crois,

    De demander pourquoi.

    Pas plus que toi, l'horloge

    Que le temps interroge

    N'élève ici la voix.

    Maurice Carême 


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  • Le muguet

     

    Sous une averse de lumière,

    Les arbres chantent au verger,

    Et les graines du potager

    Sortent en riant de la terre.

     

    Carillonnez ! Car voici Mai !

    Cloches naïves du muguet !

     

    Les yeux brillants, l'âme légère,

    Les fillettes s'en vont au bois

    Rejoindre les fées qui, déjà,

    Dansent en rond sur la bruyère.

     

    Carillonnez ! Car voici Mai !

    Cloches naïves du muguet !

     

    Maurice Carême

    DSCN1585

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  • Le givre

    Mon Dieu ! Comme ils sont beaux

    Les tremblants animaux

    Que le givre a fait naître

    La nuit sur ma fenêtre

     

    Ils broutent des fougères

    Dans un bois plein d’étoiles,

    Et l’on voit la lumière

    A travers leurs corps pâles.

     

    Il y a un chevreuil

    Qui me connaît déjà ;

    Il soulève pour moi

    Son front d’entre les feuilles.

     

    Et quand il me regarde,

    Ses grands yeux si doux

    Que je sens mon cœur battre

    Et trembler mes genoux.

     

    Laissez moi, ô décembre !

    Ce chevreuil merveilleux.

    Je resterai sans feu

    Dans ma petite chambre.

     

    Maurice Carême

    IMG_8909

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  • Le brouillard

     

    Le brouillard a tout mis

    Dans son sac de coton ;

    Le brouillard a tout pris

    Autour de ma maison.

     

    Plus de fleurs au jardin,

    Plus d’arbres dans l’allée ;

    La serre des voisins

    Semble s’être envolée.

     

    Et je ne sais vraiment

    Où peut s’être posé

    Le moineau que j’entends

    Si tristement crier.

     

    Maurice Carême

    67CheminEtrange

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  • Marie et moi

    Marie et moi, on s’aime bien.

    Nous partageons nos petits pains.

     

    Se trompe-t-elle de chemin ?

    C’est moi qui la prends par la main.

     

    Elle rit parfois pour un rien.

    Je la laisse rire sans fin.

     

    Je ne suis qu’un jeune gamin,

    Mais, quand je la tiens par la main,

     

    Je me sens brusquement capable

    De tenir tête même au diable.

     

    N’empêche que j’ai peur des chiens.

    Et si, par hasard, il en passe,

     

    C’est toujours Marie qui les chasse.

    Et c’est elle sur le chemin,

     

    Qui me reprend alors la main.

    Marie et moi on s’aime bien.

     

    Nous nous sentons, dans le matin,

    Les deux moitiés d’un même pain.

     

    Maurice Carême extraits de, »Je t’aime un peu beaucoup »

     

    loup249

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  • Où suis-je…

     

    Où suis-je et qui m’appelle ?

    Quel est ce long bruit d’aile

    Qui fait gémir la nuit ?

    Ah ! Soyez-moi fidèles,

    Pauvres choses d’ici !

    Demeurer mon ami,

    Silencieux  chat gris

    Qui levez vos prunelles

    Et frémissez aussi

    Quand cette voix m’appelle

    D’au-delà la nuit.

     

    Maurice Carême (extrait des « 25 chats de Maurice Carême)

     

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  • Je me souviens de cette école.

     

    Je me souviens de cette école

    Où nous revenions en septembre.

    L’ombre y jouait à pigeon vole.

    Nos bancs sentaient la nouvelle encre.

     

    Les froids précoces aux carreaux

    Suspendaient d’étranges rideaux.

    Roi dans les barres, chat perche,

    Nous ne rêvions que de grands prés.

     

    Nous regardions par la fenêtre

    Les nuées flâner dans le vent.

    Caressante, la voix du maître

    Avait un parfum d’origan.

     

    On avait repeint les tableaux.

    Les lettres semblaient si blanches,

    Elles nous rappelaient les branches

    Lourdes d’ombelles des sureaux.

     

    Et le cœur enserré

    Qu’une noisette dans sa coque,

    Nous attendions tous que la cloche

    Fît des oiseaux de nos cahiers.

     

    Maurice Carême (extrait de « Souvenir »)

     

    douceur12105

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  •  

    Au clair de la lune

     

    Au clair de la lune,

    Le chat de la voisine

    Danse la capucine

    En chaussons bleu-prune.

     

    Dans le soleil,

    Le chat du vitrier

    Se fait de longs colliers

    De guêpes et d’abeilles.

     

    Et le chat de l’instituteur,

    Quand la nuit est sereine ;

    Se plaît à réciter par cœur

    Les fables de la Fontaine.

     

    Il est matous de toutes sortes ;

    Le mien marche à pas de souris

    Et crie dès qu’on ouvre la porte :

    « il n’est pas bon rat que de Paris »

     

    Maurice Carême (extrait des « 25 chats de Maurice Carême)

     

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  •  

    Je traversais l’été.

     

    Je traversais l’été, comme d’autres la France,

    Sur la barque dorée de mes grandes vacances.

     

    J’avais un arc et une flèche de sureau

    Et je m’imaginais être charmeur d’oiseaux.

     

    Toutes voiles dehors, mon bateau, sur la mare,

    M’entraînait sans détour chez des peuples barbares.

     

    Un tronc d’arbre évidé mes servait de château ;

    Au bois, une poignée de fraises, de gâteau.

     

    Une plume perdue trouvée dans les genêts

    Me sacrait roi du jour au seuil de la forêt.

     

    Et, le soir, je rentrais sentant si bon la menthe

    Qu’on prenait pour ses fleurs la clarté de la lampe.

     

    Maurice Carême (extrait de « Souvenir »)

     

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  • Quatuor

     

    Le matou de Léon

    Aimait l’accordéon ;

     

    L’angora de Céline

    Pinçait la mandoline

     

    Et celui de Simone,

    Avec son saxophone,

     

    Savait faire pleurer

    Les chattes du quartier.

     

    Ces joueurs solitaires ;

    Un jour, ce concertèrent.

     

    Justement, la fauvette

    De la vieille Antoinette

     

    Venait de terminer

    Un quatuor en ré.

     

    Mais on chercha en vain

    Un autre musicien.

     

    Et ce hasard sauva,

    D’un vulgaire trépas

     

    Sous des griffes félines,

    La souris d’Adolphine

     

    Qui durant tout l’été

    A l’ombre de sa hutte,

     

    Avait appris la flûte

    Sur un roseau troué.

     

    Maurice Carême (extrait des « 25 chats de Maurice Carême)

     

    Cats2

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  • La chambre

     

    La chambre est chaude.

    La pluie dehors

    A  les tons d’or

    Des reines-claudes.

     

    Un chat traverse

    La rue déserte.

    Le soir le suit

    Noir comme lui.

     

    Et le bonheur,

    Soudain surpris,

    Se glisse comme

    Une souris

    Dans mon cœur d’homme.

     

    Maurice Carême (extrait des « 25 chats de Maurice Carême) 

     

    cat X

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  • Ma mère fermait la fenêtre

     

    Ma mère fermait la fenêtre

    Et allumait la lampe.

    Un silence plein de bien être

    S’épandait dans la chambre.

     

    Je croyais entendre au dehors

    Les étoiles tinter.

    La lune pendait au pommier

    Son mince croissant d’or.

     

    Bonsoir, me murmuraient les choses.

    Comme l’odeur sort de la rose,

    Je leur disais bonsoir.

     

    Et le silence retombait

    Si total qu’en mon cœur,

    La vie doucement clapotait

    Comme une eau sous les fleurs.

     

    Maurice Carême (extrait de « Souvenir »)

     

    photo 1121

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  • CHAT COLLECTION

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  • Grisaille

     

    Un ciel d’un gris très doux ardoise les eaux lisses.

    Les navires ont l’air de ne pas avancer

    Et le vol des oiseaux est si sûr et léger

    Qu’ils retombent pareils à des feux d’artifice.

     

    Tout paraît aujourd’hui comme un peu irréel.

    L’horizon est si mal dessiné qu’on hésite.

    La vague, à peine née, se défait et s’effrite,

    Le sable n’est bordé que d’un soupçon de sel.

     

    Et la plage, là-bas, s’en va si loin sans hâte

    Que l’on devine bien qu’elle n’a nulle envie

    D’arriver quelque part tant l’été la convie

    A traîner tout le long des eaux comme une chatte.

     

    Maurice Carême (extrait des « 25 chats de Maurice Carême)

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