• "POEME" en Poésie

    Il y a beaucoup de poèmes sur 2 pages.

  • Les voix

     

    N’y aurait-il alors que cette voix profonde

    perçue jadis dans la forêt d’enfance

    et le jardin d’amour et la rivière

    et la seule maison vive dans la mémoire

    où les femmes tissaient les mots de la légende

    voix venue de temps immémoriaux,

    passant de bouche en bouche

    et qui, dans le brouillard, nommait les dieux,

    car tout alors baignait dans l’absolue beauté

    de leur présence.

    Et ils couraient dans les moissons,

    mangeaient le pain,

    dormaient sur notre paille,

    tendres et familiers.

    C’est en musique désormais que leurs voix

    et la voix des femmes se prolongent

    et s’efforcent vers nous,

    vers l’espérance de nos cœurs.

    Et c’est alors qu’il faut saisir,

    aimer, bercer cette parole

    dans la naissance du poème.

     

    Jean Joubert

    Extrait du livre : « Les voix du poème »

     

    Les voix

    Martinique aout 2017


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  • LA COULEUR DU POÈME

     

    La couleur du poème dépend de la quantité de lumière

    Qui se réverbère en son encre.

    Elle change au gré de l’heure, de l’âge et de la langue.

     

    Incolore au commencement, quand il n’est encore qu’une aspiration vague.

    D’un blanc de page vide, il tend vers le gris en rêvant son encre prochaine.

    Aube indécise sur le papier. Tels brouillards ou fumées qui montent.

    C’est pourtant vers le bleu qu’il s’enlève le plus souvent,

    Accroissant son ciel et son eau, entrouvrant sur la page une vague idée d’azur.

     

    Noir, si rien ne le tire hors de soi, prisonnier qu’il demeure des signes.

    Rouge, quand il accélère, s’enfièvre, circule et bat.

    Or d’étincelle ici et là en son ballet de feuilles mortes.

    Vert en mai devant l’arbre, blanc de décembre sous la neige,

    Mais d’une couleur indistincte quand s’y penche un visage aimé.

     

    (Jean-Michel Maulpoix)

    Photo Pixabay.com


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  • UN BEAU POÈME

     

    Un beau poème peut offrir aux murs de la réalité le pouvoir

    des mots grimpants.

    C’est sa façon de les embellir qui aide à les franchir.

     

    Si je pouvais glisser un message dans le poème,

    ce serait celui d’un charme secrètement inclus

    dans la beauté du geste qu’il ne peut faire,

    … mais qu’il suggère.

     

    La vérité est rarement nue.

    Elle aime les vêtements régionaux et les modes historiques.

    C’est en tressant des ombres qu’elle habille nos certitudes.

     

    S’attacher au néant, c’est, par méconnaissance, refuser

    d’accorder plusieurs pentes à l’avenir.

     

    Les gestes et les mots peuvent avoir une lointaine portée d’ogive.

    L’amour est une arme de construction massive.

     

    (Maurice Couquiaud)

    UN BEAU POÈME


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  • "POEME" en poésie : Citadelle imprenable, la poésie, ou ville ouverte

    Citadelle imprenable, la poésie, ou ville ouverte

     

    Les deux et aucune à la fois. Il Suffit de pousser la porte des mots qui n'est jamais verrouillée et d'entrer dans le poème qui n'attendait que ça pour se mettre à chanter, à danser, à rire à mots déployés. Comme un accordéon ou comme le soufflet du forgeron. Mais que dites-vous là ? Ces choses-là n'existent plus. Justement, c'est le secret: il suffit de les nommer pour que les choses se mettent à exister, à danser, à chanter, à rire. La poésie, c'est un peu cela: faire exister ce qui n'existe pas. Le ciel par exemple qui n'est qu'un gaz, et pas bleu du tout; le cœur qui pleure ou qui rit alors que le muscle du même nom se contente de battre le sang flic floc flic ffoc. Ne parlons pas de l'âme que nul n'a jamais vue quand tout le monde sait qu'il faut la rendre pour mourir. Je vous le disais: poussez la porte des mots et vous entendrez sonner les cloches du réel, du possible, de l'impossible qui n'est pas français comme chacun sait. Car chaque mot a un son qui diffère selon la compagnie que le poète lui a choisie. Enfin : que le poème a choisie à la place du poète. Car le poète est une oreille d'abord puis un porte-voix. Il transmet ce qui lui est dicté par les mots qui lui viennent, les images qu'il voit, la musique qui le conduit. Le poème est la maison qu'il bâtit avec ces mots-là. Elle n'attend que vous pour faire la fête.

    Guy Goffette


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  • IMG_1246
     

    Recette

    Le jour où vous serez dans votre bonne assiette

    procurez-vous:

    un paquet d'alphabets en vrac,

    Douze cuillerées à soupe de brise vanillée

    un quartier de lune rousse

    un zeste de sentiment (au choix)

    750 grammes de rêve

    10 centilitres d'Alcool (l’Apollinaire est recommandé)

    (ou 20 centilitres si vous voulez donner leur part aux anges)

    une pincée de virgules

    Mélangez le tout

    Faites chauffer 2 heures à 37° 5

    Goûtez! (Si trop d'amertume, faites fondre une vieille histoire

    d'amour et glacez le tout)

    Dégustez votre poème avec quelques amis, mais un conseil :

    Ne les gavez pas !

    Jean François Agostini

    (Extrait de Qu’est-ce qui mijote dans ma marmite à mots)


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  • Poète et Poème

     

    Petit poème au bout du doigt,

    Je te couperai comme un ongle.

    Il y a longtemps que je jongle

    Avec les mots choisis pour toi.

     

    Maintenant c’est prêt, on y va.

    Je vais trancher, tu vas tomber

    Bien gentiment sur le papier,

    Et aïe ! En souvenir de toi

    Je porte un pansement au doigt

     

    Jean François Mathé extrait de Poèmes poids plume

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  • IMG_20140808_151200

    « Dans un poème, si l’on demande pourquoi tel mot est à tel endroit, et s’il y a une réponse, ou bien le poème n’est pas de premier ordre, ou bien le lecteur n’a rien compris. Si on peut dire légitimement que le mot est là où il est pour exprimer telle idée, ou pour la liaison grammaticale, ou pour la rime, ou pour une allitération, ou pour remplir le vers, ou pour une certaine coloration, ou même pour plusieurs motifs de ce genre à la fois, il y a eu recherche de l’effet dans la composition du poème, il n’y a pas eu véritable inspiration. Pour un poème vraiment beau, la seule réponse, c’est que le mot est là parce qu’il convenait qu’il y fût. La preuve de cette convenance, c’est qu’il est là, et que le poème est beau. Le poème est beau, c'est-à-dire que le lecteur ne souhaite qu’il soit autre. » (Simone Weil) ( Extrait de son livre, "Attente de Dieu")


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  • Pour construire un poème

     

    Pour construire un poème

    Il faut briser le temps.

     

    Il faut prendre les mots

    Dans un autre panier

     

    Écouter les épées

    Des oiseaux de l’aurore

     

    Passer le lourd portail

    Qui s’ouvre sur la mer

     

    Enfoncer son talon

    Dans l’argile du monde

     

    Attendre que le froid

    Gèle les bruits du cœur

     

    Et contempler le mur

    Où les signes regardent

     

    Georges JEAN

    DSCN0637.JPG

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  • fleurs130
     

    Les jolis mots

     

    Ramasser De jolis mots

    Couverts de rosée

    Parmi les toutes jeunes

    Marguerites Qui t'aiment à la folie

    Ramasser De jolies paroles

    Mouillées

    Aux pétales de pluie Qui auront

    Encore Tant de choses à te dire

    Jolis mots

    Jolies paroles

    J'en ai tellement ramassé

    Qu'ils parfumeront

    Délicatement

    Mon poème

     

    Sophie  Lei Thuman extrait de « Monde flottant »


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  • Mes voyages

     

    Les lettres ce sont mes voyages

    Celles que j’écris celles que je reçois.

    Il règne toujours le meilleur climat

    Sous des latitudes en ces paysages.

     

    Les pluies sont douces, le vent léger

    Le soleil chauffe sans blesser

    Le froid ne gèle pas les pages.

     

    Les panoramas ce sont les visages

    Qu’entre les lignes j’aperçois

    Celle que j’écris celles que je reçois.

     

    Elles sont aussi ma nourriture, mon breuvage

    Et si j’ai des réveils à la gueule de bois

    Cela ne vient jamais du vin de leurs cépages

    Jamais cela ne vient non plus de ce tonneau-là.

     

    Daniel Schmitt extrait de « Petits pains poèmes »

     

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  • Petits pains poèmes

     

    Comme des petits pains

    Je donne mes poèmes.

    Comme poignée de grains

    Comme poignée de mains.

     

    Comme on crie dans la cours

    Je donne mes poèmes

    A l’ami d’un seul jour

    A l’ami de toujours.

     

    J’aime au hasard lancer

    Comme un paysan sème

    La semence des mots

    Main ouverte et œil clos.

     

    J’aime m’imaginer

    Que ces bouts de moi-même

    Par bonheur vont tomber

    Chez qui va les aimer.

     

    Si je me suis trompé

    Tant pis pour mes poèmes

    Ils retourneront bien

    A la terre un matin.

     

    Et puis un jour  qui sait

    Si la terre les aime

    Vont-ils ressusciter

    Dans un épi de blé.

     

    Une poignée de grains

    Deviendront mes poèmes

    Avant d’être demain

    Le cœur d’un petit pain.

    Daniel Schmitt extrait de « Petits pains poèmes »

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  • Chanson de la cuisinière

     

    A côté de la cuisinière

    Il y avait dans un panier

    Tapissé d’un vieux pull-over

    Un chat en rond qui ronronnait.

     

    A côté de la cuisinière

    Sur un tapis il y avait

    Couleurs passées couleur poussière

    Un chien en rond qui sommeillait.

     

    Il y a des années lumière

    Mais c’est encor tout à côté

    Qu’on réchauffait le four ouvert

    Nos pieds par la neige mouillés.

     

    Et comme si c’était hier

    Dans un coin frileux du passé

    J’entends la vielle cuisinière

    Avec les bêtes respirer.

     

    Daniel Schmitt extrait de « Petits pains poèmes »

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  • Chanson des voleurs de poèmes

     

    On m’a volé les poèmes

    Me dit-elle un peu peinée

    On m’a volé les poèmes

    Que tu m’as donnés.

     

    Des poèmes va la belle

    En veux-tu en voilà !

    Et merci pour la très belle

    Histoire que voilà.

     

    On m’a volé mes poèmes

    Je ne l’aurai jamais cru

    Car les voleurs des poèmes

    Ça ne court pas les rues.

     

    Daniel Schmitt extrait de « Petits pains poèmes »


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  • J’écrirai des poèmes

    J’écrirai des poèmes

    Pour dire que le feu brûle

    Et que le chien s’endort.

     

    Je dirai qu’il fait beau

    Que la joie est dans le silence autour de nous

    Le bonheur à portée de main.

     

    Il ne faut pas avoir peur des mots

    Il faut savoir

    Que la pomme est douce partagée en deux.

     

    Et dire oui du fond des mains

    A la colline aux arbres, aux chemins

    A ces doigts qui m’apprennent patiemment

    A écrire la vérité.

     

    Jean Brianes


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  • Outils posés sur une table

     

    Mes outils d’artisan

    Sont vieux comme le monde

    Vous les connaissez,

    Je les prends devant vous :

    Verbes, adverbes, participes

    Pronoms substantifs, adjectifs.

     

    Ils ont su, ils savent toujours

    Peser les choses

    Sur les volontés,

    Eloigner ou rapprocher,

    Réunir, séparer

    Fondre ce qui est pour qu’en transparence

    Dans cette épaisseur

    Soient espérés ou redoutés

    Ce qui n’est pas, ce qui n’est pas encore,

    Ce qui est tout, ce qui n’est rien,

    Ce qui n’est plus.

     

    Je les pose sur la table

    Ils parlent tout seuls je m’en vais

     

    Jean Tardieu.


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  • J’ai vu le menuisier

     

    J’ai vu le menuisier

    Tirer parti du bois.

     

    J’ai vu le menuisier

    Comparer plusieurs planches.

     

    J’ai vu le menuisier

    Caresser la plus belle.

     

    J’ai vu le menuisier

    Approcher le rabot.

     

    J’ai vu le menuisier

    Donner la juste forme.

     

    Tu chantais, menuisier,

    En assemblant l’armoire.

     

    Je garde ton image

    Avec l’odeur du bois.

    Moi j’assemble des mots

    Et c’est un peu pareil.

     

    Eugène Guillevic.

     


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  • martinique 2

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  • ouvert

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  • 67CheminEtrange.jpg citation

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  • J’ai vu

     

    A la plage j’ai vu

    Une petite fille qui tenait

    Un poème au bout d’une ficelle.

     

    A la plage j’ai vu

    Un vieil homme qui marchait

    La tête comme une

    Mouette dans les embruns du poème.

     

    A la plage j’ai vu,

    Un enfant nouveau-né

    Planter la fleur de son pied

    Dans le sable

    Mouillé du poème.

     

    Extrait de « En poème ce monde » de Gilles Brulet

     

    S5000473.JPG

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