• Moi le Berger

     

    Moi le berger des hommes aux ailes ouvertes

    moi le berger des hommes au cœur fermé

    moi le berger du fond des vallées tièdes

    je roule aux plumes de l'oubli

    les férocités de la solitude

    les ciels impénétrables

    les impossibles retours sur soi-même

    moi le berger de bonne confiance

    j'émousse l'épine de la découverte

    je lisse les ronces des poursuites

    moi je jette l'eau froide

    sur le sang inquiétant de l'enfance

    moi je parle d'homme à homme aux archanges

    moi je fais jaillir les sources de la soif

    je fais cuire le pain blanc de la faim

    je casse les dents aux chiens de la peur

    j'endors les maladies dans la fraîcheur végétale

    je jette la mémoire aux morts

    moi

    je fonds sous le regard simple d'une femme

    moi

    je suis un homme de bonne race.

    (Gaston Massat)

     


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  • Morte Saison 

     

    J'entends la pluie, les vents, jouer aux osselets

    Mes coteaux de beau temps ont la robe des biches

    Une feuille est collée sur la joue de l'été

    Des feux d'herbe, la nuit, fument sur les villages.

    C'est ton nom qui se perd aux grandes eaux du vent.

    Ton nom qui parle haut quand minuit nous délivre,

    C'est ton front qui se prend aux vitres de goudron

    La flamme d'un flambeau peut effacer tes lèvres.

    La pluie sourde nourrit les plis chauds de ta bouche

    Des ailes de bois mort bougent dans la nuit louche.

     

     (Luc Bérimont)


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  • Les Florets 

     

    La campagne porte le ciel à bout de bras

    Ecartant cailloux et chardons, le chemin se hisse jusqu'à la forteresse des corneilles.

    Là-haut, dans le frissonnement des fleurs, les couleurs jaillissent, le Grand Midi, depuis toujours, espère son passé. Au loin, les villes n'arrivent pas aux chevilles de la réalité. La crête est tatouée de signes. L'affectueuse chimie s'affaire au milieu d'une choralie d'insectes.

    L'architecture sort du rêve et s'amoncelle sous les pas. La légende suit l'ombre dans les plis de l'anticlinal. Le village articule son chant de pierre entre les mélèzes ; l'écluse tourne le manche de la vielle.

    Minuscule sur le sentier, le paysan marche courbé sous le poids de la terre.  

    (Gil Jouanard)

    (Lame de Facibelle)


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  • Les tatouages du vent sur le roc, les fausses accalmies entre deux salves de Forage et l'attente cousue dans l’ombre des visages comme une huile douce dans la lampe. Nous cherchons le chemin du calme au noyau des fruits verts. Notre lucidité errante nous guide vers les mots de pierre. Messager de la confiance, un cheval recueille dans sa crinière des odeurs de forêts, des clameurs de ruisseaux, qu'il répand longtemps après dans les étables chaudes.

     

     

    (Yvonne Caroutch)

     

     


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  • Pluie 

     

    La pluie gifle un carré de bouleaux frissonnants

    Sur un coteau jauni balayé par le vent.

    L'automne est une demeure d'or et de pluie,

    Dans ses étages transparents des corbeaux crient.

    Déjà derrière les troncs gorgés d'eau, la neige

     Emplit l’air d'une odeur légère de feux d'herbe.

    Des vallons montent des fumées dans la pluie.

    Un homme marche dans la lumière assourdie,

    Voyant baisser les feux, les lueurs dans l'automne

     L'air ne portera bientôt plus ce vent jaune

    Ni ces derniers oiseaux, ni ces feuilles qui brillent.

    Il pleut. La pluie efface ses paroles

    Comme les lueurs basses de la terre.

    Quel passage trouvera-t-il, cet inquiet,

    Quand l’or couvre sa lampe dans l'ombre froide ?

     

    (Jacques Chessew) 

     


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  • La montagne 

     

    Ancienne dans les plis des astres, condamnée

    au silence, j'attends, j'écoute, et vient la pluie.

    La bouche de la pluie m'embrasse pour celui

    qui me polit et m'adoucit sur chaque face de ses mains.

    Quelles montagnes et quels feux ? Je suis née de millions

    d'années

    travaillée par le seul Soleil, par les orages et leurs clans et dressée là par l'homme. Y suis-je un rêve ? Mais j'existe au bout du monde, ici, où passent les saisons qui vont et se refont. Sous ses ailes sauvages l'hirondelle de mer me connaît et le ciel sur mes brisants laisse une écume de nuages qu'un jour mal équarri déchire en se levant.

     

    (Pierre Seghers)

     


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  • Quand la nuit … 

     

    Quand la nuit est brillamment éparpillée

    Lorsque la pensée est intouchable

    Je dis fleur de montagne pour dire

    Solitude

    Je dis liberté pour dire désespoir

    Et je vais bûcheron de mes pas

    Égarer les mensonges

    Dans une forêt de bois

    Pleine de justice et de romances

     

    (Georges Schehadé)


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  • La flamme

     

    Je ferai mon nid dans la Solitude 

    De la haute montagne. 

    Dans le creux d'un rocher 

    Je veillerai. 

     

    Le feu de mon cœur 

    S'élèvera vers le ciel 

    Ni le vent, ni la tempête 

    N'en feront vaciller la flamme. 

     

    Ne dites point, mes amis 

    Que je me détourne de vous, 

    Ni que vos angoisses 

    Me sont étrangères. 

     

    Si vous levez la tête, 

    Vous verrez une lumière 

    Briller sur les cimes 

    Vous comprendrez 

    Qu'elle brûle pour vous. 

     

    Vous saurez 

    Que je suis là 

    Retenu 

    Par mon amour.

     

    (M.M.Davy) 


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