• L’œuf d’ânesse

     

    CONTES DU QUEBEC

    (Jean Muzi)

    L’œuf d’ânesse

     

    Les sots ne sont pas plus nombreux au Québec qu'ailleurs. La sottise des deux héros de ce conte est telle qu'ils en deviennent grotesques. Et c'est leur outrance qui amuse les enfants et fait sourire les adultes.

     

    Un vieux couple de paysans n'avait pour toute fortune qu'une ânesse qui commençait vieillir. Le mari la confiait régulièrement à un voisin qui possédait un âne, mais jamais celle-ci ne faisait le moindre ânon.

     

    Un jour, vint à passer un marchand de citrouilles. La femme n'en avait jamais vu

    — Que rendez-vous là ? demanda-t-elle au marchand.

    — Des œufs d'ânesse.

    - Des œufs d'ânesse ? Mais ça n'existe pas !

    — Détrompez-vous, dit le marchand. La femme appela son mari.

    — Puisque notre ânesse ne fait plus d'ânons lui dit-elle, nous allons profiter du passage de ce marchand pour acheter un œuf d'ânesse

    — Que racontes-tu donc? Tu sais bien que les œufs d'ânesse n'existent pas, répliqua le mari

    — Mais si, mais si, ce sont bien des œufs d'ânesse que je vends, confirma le marchand il suffit de les couver en montant dessus comme le font les poules ou les canes. Votre femme peut s'en charger et vous aussi d'ailleurs.

    — Combien les vendez-vous ?

    — Pas très cher: une piastre* l'œuf.

    — Nous allons en prendre un, dit le mari.  Le marchand encaissa l'argent et leur donna une grosse citrouille. Le mari fît un nid dans la cuisine. Il y déposa la citrouille et la femme se mit à couver. Quand elle était fatiguée, il la remplaçait. Au bout de huit semaines, elle commença à s'impatienter.

    —Maudit œuf qui refuse d'éclore, dit-elle en saisissant la citrouille qu'elle alla jeter dans la coulée* se trouvant près de leur maison.

    La citrouille dévala la pente, roula en prenant de la vitesse et heurta une grosse pierre. Elle éclata en plusieurs morceaux. Ils atterrirent près d'un lièvre qui sortait de son terrier. Celui-ci les évita de justesse et prit la fuite en poussant un glapissement de terreur. La femme crut que l'œuf venait d'éclore et qu'un lièvre en était sorti. —Viens ici, lui cria-t-elle, je suis ta mère ! Le lièvre prit la fuite et la femme rentra chez elle. Elle raconta à son mari ce qui s'était passé

    —«-Si tu avais couvé un peu plus longtemps, lui reprocha ce dernier, on aurait peut-être obtenu un ânon.

     

     

     


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