• « Histoire de celui qui dépensa tout et ne perdit rien. » (5)

    Extraits du livre de Jacqueline KELEN

     

    « Histoire de celui qui dépensa tout et ne perdit rien. »

     

     

    Avec l’âge, mes gestes deviennent maladroits, mes pas imprécis. J’ai perdu mon agilité à filer la laine, à confectionner des gâteaux au miel et lorsque vient le soir mes yeux clignent et s’embuent. Quoi qu’en dise le saint Livre, la vieillesse n’est pas enviable même si elle ouvre à la sagesse. Elle  nous dépouille de tant de choses, de la vigueur et des plaisirs du corps, de ses attraits, elle nous impose, avec la faiblesse, des limites de plus en plus resserrées. On se courbe, on s’amenuise, on marche moins loin et moins longtemps, on se couche avant que le soleil disparaisse même si on a du mal à s’endormir… Mais il est une chose qui ne diminue pas, bien au contraire, c’est la sensibilité : un rien fait monter la larme à l’œil, un rien fait trembler de bonheur ou de crainte. La vieillesse ressemble aux roseaux et aux papyrus qu’un moindre souffle agite et qui un jour, devenus secs, cassent soudain sous les doigts. Sa seule beauté loge dans ce tremblement au cœur, aux mains et aux paupières. Certains y lisent l’annonce du déclin, moi je sais que ce sont les signes d’un amour qui n’est jamais défait. (La mère)

     

    Qui n’est jamais tombé ne connaîtra pas la fierté de se relever, la joie de repartir. La pire épreuve peut devenir une porte ouverte à l’intérieur de soi : on fait silence, on s’interroge, on avance vers la profondeur. La pitié n’a rien de dédaigneux, elle révèle la part d’humanité commune à tout vivant, une part souvent endommagée. Celui qui éprouve cet étrange sentiment-ou est-ce une vertu majeure ? – ne se sent ni rehaussé ni épargné. Il a  simplement envie de serrer sur son cœur, d’héberger en son cœur la foule des hommes, errants, les agneaux qui tremblent et les fleurs éphémères, tout ce monde si beau qui un jour passera. (Le serviteur).

     

    Dieu, quelle clarté en cette nuit ! Les visages de tous brillent à la lueur des lampes, à la joie des retrouvailles. Tout est bien. Me voici renouvelé. Louez soit l’Éternel ! (le fils)

     

     


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