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Fables du monde entier : Le berger et le rossignol
Le berger et le rossignol
Dans une belle nuit du charmant mois de mai,
Un berger contemplait, du haut d’une colline,
La lune promenant sa lumière argentine
Au milieu d’un ciel d’étoiles parsemé ;
Le tilleul odorant, le lilas, l’aubépine,
Au gré du doux zéphyr balançant leurs rameaux,
Et les ruisseaux dans les prairies
Brisant de claires eaux.
Un rossignol, dans le bocage,
Mêlait ses doux accents à ce calme enchanteur ;
L’écho les répétait, et notre heureux pasteur,
Transporté de plaisir, écoutait son ramage.
Mais tout à coup l’oiseau finit ses tendres sons.
En vain le berger le supplie
De continuer ses chansons.
« Non dit le rossignol, c’est est fait pour la vie ;
Je ne troublerai pas ses paisibles forêts.
N’entends-tu pas dans ce marais
Mille grenouilles coassantes
Qui par des cris affreux insultent à mes chants ?
Je cède, et reconnais que mes faibles accents
Ne peuvent l’emporter sur leur voix glapissantes.
-Ami dit le berger, tu vas combler leur vœux ;
Te taire est le moyen qu’on les écoute mieux ;
Je ne les entends plus aussitôt que tu chantes. »
(Jean Pierre Claris De Florian)
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