• « Petite méditation sur le mystère de l’amitié »

    D’ANSELM GRÜN

    « La liberté et l’amour se rencontrent dans l’amitié. Pour les Germains, l’ami était celui que l’on protège et que l’on aime. Il est libre, n’est attaché à aucune partenaire par des liens matrimoniaux ; il vit sa vie tout en se sachant aimé des ses amis. L’amour ne l’enferme pas, ne l’oblige pas en retour. Ce qu’il fait pour l’ami, il le fait en toute liberté et par amour. Il ne le lie pas par ses bienfaits. »

     

    « L’amitié véritable se reconnaît à la liberté intérieure. Je peux dire ce que je ressens, sans trop m’interroger. Je peux suivre le chemin qui me paraît le meilleur, lui expliquer sans précaution inutile que de dois déménager ou faire autre chose, respirer librement. Je laisse aussi à l’ami l’espace de liberté dont il a besoin pour vivre. Pouvoir critiquer l’autre lorsque son comportement ne me convient pas ou lorsque j’estime qu’il fait quelque chose qui n’est pas bon pour lui fait aussi  parti de la liberté.

    « Ton véritable ami n’est pas celui qui te tend le miroir des flatteries dans lequel ton regard se complaît. Ton véritable ami est celui qui te montre tes défauts, et t’aide à les effacer avant que les ennemis ne les découvrent. »

     

    « Critiquer un ami est une offrande d’amour. La critique doit aider l’ami à se débarrasser des défauts que ses ennemis pourraient utiliser contre lui. Critiquer un ami ne peut se faire que dans la confiance. Seule la confiance permet de recevoir la parole critique et la liberté qui la formule. »

     

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  • Nuit de lune

     

    C’était comme si le ciel

    Avait embrassé la terre en silence,

    Pour que dans l’éclat des fleurs

    Elle rêve désormais de lui.

     

    Un souffle parcourait les champs

    Les épis ondoyaient doucement,

    Les forets bruissaient tout bas,

    Si pur était la nuit étoilée.

     

    Et mon âme déploya

    Ses ailes en grand,

    Survola les calmes terres,

    Comme si elle rentrait chez elle.

     

    Eichendorff (poésie allemande)

     

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  • Histoire de la gomme magique

     

    Je ne savais pas trop ce qui se passait dans mon cœur, mais c'était tout brûlant. Maman était partie des jours et des jours dans une clinique pour réparer son dos et quand elle est revenue, je voulais la serrer très fort contre moi. Je lui disais des "maman chérie adorée d'amour" et ça lui donnait des joues toutes rosés et des yeux tout piquetés d'étoiles. J'avais oublié qu'elle était aussi jolie. Et puis le lendemain, en sortant de l'école, j'ai tout gâché en piquant une grosse colère, énorme même. Je donnais des coups de pied à maman, je ne voulais pas lui faire de bisous, je bégayais : — Toi, toi... tu ne me feras plus de câlins toute ta vie ! Tu es la plus méchante maman du monde ! Voilà ! Et je lui criais pour que les autres mamans entendent. Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais c'était comme un orage furieux à l'intérieur de moi. Comme si de l'encre toute noire me coulait à travers. Là, maman ne dit rien, elle mange ses lèvres, elle devient toute rouge, et dans ses yeux, il n'y a plus d'étoiles du tout. Je vois bien que je lui fais mal, mais il y a quelque chose hors de moi qui me pousse et je ne veux même pas demander pardon. Dans la rue, maman avait très honte : j'hurlais de toutes mes forces, et les gens se retournaient. À la maison, comme je ne me calmais toujours pas, maman m'a regardé droit dans les yeux, a posé très fort ses deux mains sur mes épaules, et m'a dit en serrant les dents : — Bon, maintenant tu te calmes immédiatement, ou bien... Et comme je n'étais pas du tout décidé à me calmer, elle m'a passé sous la douche froide. Ça m'a réveillé d'un coup. Je me suis retrouvé plein de honte, de noir et de froid, comme si le ciel avait disparu avec le soleil et les étoiles et qu'il fallait reconstruire l'univers tout entier. Ce soir-là, la musique de la clé sur la porte ne m'a pas parue magique du tout. C'était plutôt le contraire. Je ne sais pas pourquoi ni comment, mais avant même de mettre le pied à la maison, papa connaît déjà toutes les nouvelles de la journée, y compris les bêtises ! J'avais honte une deuxième fois, je savais que je méritais une bonne correction. Pourtant, ce soir-là, les antennes de papa n'ont pas marché. Il ne se doutait de rien, je l'ai bien vu à sa manière de me faire des câlins, et maman n'a rien dit. Après le repas, papa nous a raconté l'histoire du soir, qui s'appelait drôlement la Gomme magique. Et voilà ce qu'il a dit, que je n'oublierais jamais, même pas après ma mort :

     

    Vous savez, lorsque la maîtresse vous demande de colorier un dessin, il vous arrive de dépasser les limites, de déborder du cadre. Et donc, que se

     

    passe-t-il ? Eh bien, vous prenez une gomme, tout simplement, et vous effacez ce qui a débordé, n'est-ce pas ? Maintenant, écoutez bien : je vais vous parler de jolis dessins qu'on a à l'intérieur de nous et qui s'appellent les sentiments. Vous l'avez sans doute remarqué : parfois, il nous arrive de les laisser déborder, de dépasser les limites. À ce moment-là, le dessin intérieur ne devient pas bien joli; il est même parfois carrément moche ! « Qu'est-ce qu'on peut faire pour changer ça, à votre avis ? Vous vous dites : ce serait bien si on pouvait gommer ce qui n'est pas joli, ce qui a débordé, comme avec la gomme de l'école ! Ce serait bien, pour un mot de trop, un geste pas beau, un regard méchant, un coup de pied, une grosse colère, une rancune tenace, oui ce serait bien si on pouvait effacer tout ça d'un geste et faire que nos sentiments restent beaux et bien dessinés, non ? « .. .Eh bien, je vais vous dire quelque chose de très extraordinaire : c'est possible, car cette gomme existe ! Elle est même tellement efficace qu'on l'appelle la Gomme magique. Ce n'est pas la peine d'aller la demander dans un magasin, elle n'est pas à vendre ! Elle est même vraiment tout ce qu'il y a de plus gratuit ! Et vous savez bien où se rangent toutes les choses les plus gratuites : au fond de votre cœur ! Cette gomme magique, elle a un nom qu'il faut retenir : elle s'appelle PARDON. « Bien sûr, c'est encore mieux de réussir du premier coup des jolis dessins bien coloriés, seulement voilà : on n'est pas toujours artiste de chaque instant, il arrive qu'on se trompe et là, la seule solution pour effacer, c'est de demander pardon. La gomme magique efface alors tout ce qu'on a envie d'oublier pour avoir le cœur en paix. PARDON, cela veut dire aussi : merci de continuer de m'aimer, même si je ne suis pas toujours aimable... « Allez, mes petits trésors, je sens que vous êtes fatigués ! Il est temps de dormir à présent... » Papa s'est levé, il a fait de grands pas de clown et il a dit sur un ton rigolo :

     

      Je suis le douanier des rêves ! Vous n'avez rien à déclarer avant de partir au pays du sommeil ? J'ai dit :

     

      Si... je voudrais voir maman !

     

    Mon cœur battait fort. Bientôt, maman est venue et s'est approchée de moi. Je l'ai regardée droit dans les yeux, pour qu'elle me jette une passerelle d'amour et que je passe de l'autre côté, je voulais. .. je voulais... mais je n'arrivais pas à prononcer un seul mot, comme si le diable avait fait un nœud dans ma gorge. À un moment, le mot est venu tout seul, tout tranquillement, et je me suis entendu dire : Pardon !

     

    C'est venu du fond de mon cœur, et derrière il y a eu une énorme vague et toute une mer de larmes que je ne savais pas comment arrêter. Eh bien, papa avait raison. C'est vraiment une gomme magique parce que maman a mis ses bras autour de mon cou et a murmuré dans le creux de mon oreille : « Je t'aime ! Tout le reste est oublié... » D'un coup, le ciel est revenu et le soleil, et les étoiles, et je suis parti en carrosse au pays du sommeil, comme un roi plus fort que le monde entier !

     

    (Extrait du livre, Petits trésors de François Garagnon)

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  • « Petite méditation sur le mystère de l’amitié »

    D’ANSELM GRÜN

    «La patience, la prudence dans l’approche, la précaution, le temps : voilà ce qu’il nous faut apprendre pour que naisse l’amitié. Certains comportements  favorisent la naissance de l’amitié. Outre la patience, la confiance joue un grand rôle. »

     

    « Comment serais-tu son ami si tu n’aimes chez quelqu’un que ce qui est aimable en lui ? Tu dois prendre l’ami dans tes bras et le protéger tel qu’il est. »

     

    « L’amitié est à l’homme ce que les ailes sont à l’oiseau ; elle lui permet de s’élever au-dessus de la poussière du sol. »

    (Zenta Maurina)

     

    « Les ailes » de l’amitié me soulèvent sur le chemin difficile de la vie, afin que j’avance d’un pas léger sans trébucher sur chaque pierre. Parler avec un ami me permet de relativiser les problèmes et de les entrevoir sous un angle différent. Je ne les vois plus comme une menace. L’ami me protège des émotions négatives qui me parviennent du monde extérieur. Il m’aide à porter, chaque jour, tout ce qui m’accable. »

     

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  • cascade078
     

    Photo de Micha Pawlitzk


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